Nigeria : la Banque Centrale maintient son cap face à l’inflation et aux incertitudes économiques

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Le gouverneur de la CBN, Olayemi Cardoso
Le gouverneur de la CBN, Olayemi Cardoso

La Banque Centrale du Nigeria (CBN) a décidé de maintenir son taux directeur à 27,50% à l’issue de la réunion du Comité de Politique Monétaire (CPM) des 19 et 20 février 2025. Cette décision unanime des douze membres du comité illustre la volonté des autorités monétaires de freiner l’inflation, tout en préservant une relative stabilité du marché des changes.

Une stratégie défensive face à l’inflation persistante

En complément du maintien du taux directeur, la CBN a conservé ses autres instruments monétaires inchangés :

le taux de réserves obligatoires des banques de dépôt reste à 50%,

celui des banques d’affaires à 16%,

le taux de liquidité est maintenu à 30%.

Ces choix s’inscrivent dans un contexte où l’inflation, qui atteignait 24,48% en janvier 2025, continue de peser sur l’économie nigériane. Selon le gouverneur de la CBN, Olayemi Cardoso, ces mesures visent à « ancrer les anticipations inflationnistes et stabiliser le marché des changes », un défi majeur pour le pays alors que le naira subit encore des pressions.

Toutefois, cette politique monétaire restrictive a un coût : en maintenant des taux élevés, la Banque Centrale rend plus difficile l’accès au crédit pour les entreprises et les ménages, ce qui pourrait freiner la croissance économique. Certains économistes s’interrogent sur la pertinence de cette approche, suggérant qu’un ajustement progressif des taux aurait pu offrir plus de souplesse à l’économie.

Un marché des changes sous surveillance

La stabilité du naira est une autre priorité de la CBN. Depuis plusieurs mois, l’institution tente de réduire l’écart entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle, une distorsion qui alimente la spéculation. À cet effet, la Banque Centrale a mis en place des outils comme le système B-Match, censé améliorer la transparence et la liquidité du marché des devises.

Par ailleurs, la hausse de la production pétrolière, qui a atteint 1,54 million de barils par jour en janvier 2025, pourrait offrir un répit en renforçant les réserves de change du pays. Celles-ci s’élevaient à 39,4 milliards de dollars à la mi-février, soit l’équivalent de 9,6 mois d’importations. Un niveau jugé confortable, mais qui dépend fortement de l’évolution des cours mondiaux du pétrole.

Des risques à ne pas sous-estimer

Si la Banque Centrale affiche une posture confiante, plusieurs incertitudes pourraient compromettre ses objectifs :

L’inflation alimentaire, exacerbée par des perturbations logistiques et l’insécurité dans les zones agricoles. Tant que ces problèmes ne seront pas résolus, une baisse des prix restera difficile.

Les tensions géopolitiques et le protectionnisme commercial, qui pourraient ralentir les échanges et rendre plus coûteux certains produits importés.

Le climat des affaires, affecté par des taux d’intérêt élevés qui compliquent l’investissement et la consommation.

En clair, la CBN joue un numéro d’équilibriste entre stabilité monétaire et pression économique croissante. Pour l’instant, l’institution mise sur la prudence, mais elle pourrait être contrainte d’ajuster sa politique dans les prochains mois.

La prochaine réunion du CPM, prévue pour les 19 et 20 mai 2025, sera scrutée de près par les investisseurs et les analystes, qui espèrent des signes d’assouplissement monétaire.

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