Le 5 mars 2025, le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés, en maintenant le taux directeur à 3,50% et le taux du guichet de prêt marginal à 5,50%. Cette décision, prise dans un contexte économique complexe, vise à assurer la stabilité monétaire et financière de la zone UEMOA. La BCEAO mise sur une politique prudente, consciente des défis internes et externes qui pourraient perturber la croissance.
L’économie de la zone a montré une solide résilience ces derniers mois, avec une prévision de croissance du PIB de 6,2% en 2024, en hausse par rapport à l’année précédente (5,3%). Cette dynamique est soutenue par des secteurs essentiels comme l’agriculture, l’industrie minière et la fabrication. Toutefois, la BCEAO reste vigilante, notamment face aux risques liés aux facteurs externes tels que les tensions géopolitiques mondiales et les fluctuations des prix des matières premières. La croissance reste fragile et dépendante des conditions extérieures.
Un autre aspect encourageant de l’économie de la zone est l’augmentation des crédits bancaires, en hausse de 6,3% en 2024, ce qui témoigne d’une meilleure accessibilité au financement pour les entreprises et les ménages. La BCEAO prévoit que cette tendance se poursuive en 2025, avec une prévision de croissance du crédit bancaire de 8,6%. Cette fluidité dans le crédit est cruciale pour soutenir l’activité économique et les investissements.
Du côté de l’inflation, la situation est plus mitigée. Bien que l’inflation ait baissé, passant de 4,1% à 2,9% entre le troisième et le quatrième trimestre 2024, la BCEAO prévoit une remontée légère à 3,5% en 2024 avant une stabilisation à 2,7% en 2025. Les prix des produits alimentaires et énergétiques, ainsi que les récoltes agricoles, ont contribué à cette détente de l’inflation, mais les autorités restent prudentes face à des risques externes. Jean-Claude Kassi Brou, Gouverneur de la BCEAO, a mis en garde contre des pressions inflationnistes potentielles, liées notamment aux tensions géopolitiques, aux hausses des prix de l’énergie, et aux impacts du changement climatique sur l’agriculture.
La situation extérieure de l’UEMOA s’est légèrement améliorée grâce à la hausse des prix des produits d’exportation, notamment les hydrocarbures. Cependant, la zone reste vulnérable aux chocs externes, en particulier à la volatilité des marchés mondiaux et à la dépendance aux ressources naturelles et énergétiques. Les incertitudes géopolitiques pourraient freiner la performance de l’UEMOA si les conditions mondiales venaient à se dégrader.
Malgré ces défis, la BCEAO affiche un optimisme prudent. La zone devrait continuer à croître en 2025, avec une prévision de 6,3% pour le PIB, mais la banque centrale reste prête à ajuster ses politiques si la situation l’exige. L’objectif reste de maintenir une politique monétaire flexible, capable de réagir face à des chocs imprévus, tout en soutenant une croissance stable.
En somme, en maintenant ses taux directeurs, la BCEAO affirme sa volonté de soutenir la stabilité économique de la zone UEMOA. Si la croissance demeure positive, la zone doit néanmoins naviguer prudemment face aux incertitudes mondiales et aux risques internes. La gestion des pressions inflationnistes et des tensions géopolitiques sera essentielle pour préserver cet équilibre fragile.