Ghana : Un pari ambitieux de 250 millions de dollars par semaine pour relancer son économie grâce à l’or

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Ghana : Un pari ambitieux de 250 millions de dollars par semaine pour relancer son économie grâce à l’or
Ghana : Un pari ambitieux de 250 millions de dollars par semaine pour relancer son économie grâce à l’or

Le Ghana, premier producteur d’or en Afrique, a lancé une initiative majeure pour renforcer son économie et stabiliser sa monnaie nationale, le cedi. Le ministère des Finances prévoit de débloquer environ 4 milliards de GH₵ chaque semaine pour acheter trois tonnes d’or auprès des petits mineurs artisanaux. Cette initiative, pilotée par le nouveau Conseil de l’or (Gold Board), pourrait injecter jusqu’à 250 millions de dollars dans l’économie du pays chaque semaine, un montant capable de jouer un rôle clé dans la gestion des réserves de change et la réduction de la volatilité du cedi.

La crise de change au Ghana, exacerbée par la volatilité du cedi et la dépendance du pays aux importations, nécessite des solutions innovantes. Avec cette initiative, le gouvernement espère non seulement stabiliser sa monnaie, mais aussi mettre un frein à la fuite des capitaux liée à la contrebande d’or, un secteur où les circuits informels dominent encore largement. Le directeur général par intérim de la Precious Minerals Marketing Company (PMMC), Sammy Gyamfi, a souligné que ce plan visait à renforcer les réserves de change et à réduire la dépendance du pays aux devises étrangères. « En rapatriant rapidement les recettes générées par l’or, nous pourrons stabiliser notre économie et assurer une meilleure gestion de notre ressource naturelle », a-t-il expliqué.

Le marché de l’or au Ghana est actuellement fragmenté, avec de multiples acteurs, allant des exportateurs privés aux réseaux de contrebande, qui ralentissent le rapatriement des devises et compliquent la gestion des recettes aurifères. Le Gold Board vise à structurer davantage ce secteur stratégique. À partir de maintenant, l’entité officielle sera l’unique exportateur d’or issu des exploitations artisanales. Les mineurs ne pourront vendre leur or qu’à des agents locaux agréés, limitant ainsi les activités informelles et renforçant l’économie locale. Cette réforme pourrait significativement accroître la transparence du secteur et offrir une alternative plus stable face aux acteurs étrangers, notamment ceux d’Inde et de Chine, souvent accusés de contourner les règles pour acheter de l’or à des prix sous-évalués.

Le Ghana, bien qu’il soit le premier producteur d’or en Afrique, vend principalement de l’or brut à des acheteurs internationaux comme ceux basés à Dubaï ou en Inde. Ces ventes à prix réduit privent le pays d’une plus-value importante. Pour corriger cette dynamique, le gouvernement ghanéen a annoncé son intention d’ajouter de la valeur à l’or extrait sur son sol. L’objectif à long terme est d’intégrer le prestigieux marché de la London Bullion Market Association (LBMA), un objectif ambitieux pour un pays encore majoritairement axé sur l’exportation de matières premières non transformées.

Avec cette transformation locale, le Ghana pourrait non seulement capturer une plus grande part de la valeur ajoutée de l’industrie aurifère, mais aussi stimuler l’emploi dans la fabrication de produits finis à partir de l’or, comme les lingots et les bijoux, et attirer davantage d’investissements étrangers dans des projets de transformation.

L’un des grands défis du secteur aurifère au Ghana est la contrebande. Selon les autorités ghanéennes, une grande partie de la production d’or échappe encore aux circuits officiels, alimentant ainsi des réseaux illégaux. Dans le cadre du projet de loi en cours d’examen au Parlement, des inspecteurs seront chargés de saisir l’or illégal et de renforcer la lutte contre les pratiques frauduleuses. Cette démarche s’accompagne d’une simplification des démarches pour les acheteurs locaux, avec la suppression d’une retenue à la source de 1,5% sur les exportations d’or. Cette mesure vise à rendre le marché ghanéen plus attractif et à réduire les incitations à contourner le système officiel.

Cette réforme vise également à réduire la fuite des capitaux, un phénomène qui a longtemps plombé l’économie ghanéenne. En facilitant un meilleur contrôle et en réduisant les taxes excessives, le gouvernement espère créer un environnement plus compétitif pour les entreprises locales et les exportateurs.

Si les ambitions sont élevées, la mise en œuvre du Gold Board ne sera pas sans défis. Les experts estiment que, bien que la réforme puisse transformer positivement le commerce de l’or au Ghana, elle devra surmonter plusieurs obstacles, notamment la résistance des acteurs privés établis et les réseaux informels de contrebande. De plus, l’efficacité du rapatriement rapide des devises, l’un des piliers de cette initiative, dépendra fortement de la mise en place d’une infrastructure financière et logistique adéquate.

Le Ghana pourrait également se retrouver à affronter une pression internationale accrue, notamment de la part des acheteurs d’or qui bénéficieront d’un accès plus restreint. Il faudra voir si le pays parviendra à convaincre les investisseurs étrangers que ce modèle sera durable et profitable à long terme.

À terme, cette initiative pourrait contribuer à une plus grande autonomie économique pour le Ghana. Si les prévisions se concrétisent, avec des entrées régulières de devises et une meilleure gestion de la production d’or, le pays pourrait non seulement stabiliser sa monnaie, mais aussi diminuer sa dépendance aux importations et renforcer son secteur minier. Toutefois, la réussite de ce modèle dépendra de la capacité du gouvernement à tenir ses promesses et à instaurer un système transparent et efficace. La réforme du secteur aurifère ghanéen, portée par le Gold Board, représente un tournant potentiel pour l’économie du pays. Elle pourrait renforcer le cedi, moderniser le secteur minier et positionner le Ghana comme un acteur majeur dans le commerce mondial de l’or. Cependant, la mise en place efficace de ces réformes et la gestion des défis logistiques, économiques et politiques seront essentielles pour assurer la réussite de ce plan ambitieux.

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