Ghana : une réforme de la TVA pour relancer l’économie et restaurer la confiance

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Confronté à un système fiscal jugé trop complexe et à une pression fiscale qui pèse lourdement sur les entreprises, le Ghana a décidé de revoir en profondeur son régime de taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Objectif : simplifier la structure, améliorer la mobilisation des recettes et rendre l’environnement économique plus compétitif.

Un taux de TVA parmi les plus élevés d’Afrique

Le système actuel est l’un des plus onéreux du continent : le taux effectif de TVA au Ghana atteint 21,9%, un record régional. Ce niveau élevé, combiné à une architecture fiscale considérée comme peu lisible, freine la compétitivité des entreprises locales et alimente une forme de défiance vis-à-vis de l’administration fiscale. De nombreuses PME se plaignent d’un système lourd en démarches, souvent source de confusion et de risques de redressement.

Ce constat, longtemps dénoncé par les acteurs du secteur privé, est désormais partagé au plus haut niveau de l’État. Le ministre des Finances, Dr Cassiel Ato Forson, a confirmé mi-avril le lancement officiel d’une réforme en profondeur, lors d’une rencontre avec la Banque mondiale à Accra.

Un contexte économique qui impose des choix courageux

Cette réforme intervient dans un contexte économique encore fragile. Le Ghana sort d’une période de tensions financières, marquée par une inflation élevée, une forte dépréciation de sa monnaie et la signature d’un accord de soutien avec le Fonds monétaire international (FMI). Pour rétablir l’équilibre budgétaire sans freiner la croissance, le pays n’a d’autre choix que d’élargir sa base fiscale tout en réduisant les inefficacités.

C’est dans cette logique qu’une mission technique du FMI est actuellement présente à Accra, afin de soutenir les autorités locales dans la redéfinition du cadre de la TVA. Le Ghana entend finaliser cette réforme avant la présentation de son budget national en novembre prochain.

Des priorités claires pour une refonte pragmatique

Trois axes prioritaires ont été identifiés par le gouvernement : simplifier le régime fiscal pour le rendre plus lisible, élargir l’assiette fiscale afin d’inclure une part plus importante de l’économie informelle, et renforcer l’équité entre les contribuables en limitant les exemptions abusives ou les régimes spéciaux.

En parallèle, les autorités souhaitent réduire l’écart entre le taux théorique et le taux réellement perçu par l’administration, souvent grevé par des failles dans le recouvrement et les déductions injustifiées. Selon plusieurs économistes, un meilleur rendement de la TVA ne passe pas nécessairement par un taux plus élevé, mais par une meilleure efficacité de sa collecte.

Des partenaires internationaux impliqués et vigilants

La Banque mondiale, partenaire technique et financier du Ghana, a salué cette initiative. L’institution voit dans cette réforme un levier important pour restaurer la confiance des investisseurs et renforcer la transparence budgétaire. Elle a réaffirmé son soutien au gouvernement, tout en appelant à une mise en œuvre rigoureuse et inclusive.

Car au-delà des annonces, la réussite de cette réforme dépendra de sa capacité à intégrer les réalités du terrain. Une fiscalité plus simple et plus juste est une attente de longue date pour de nombreuses entreprises ghanéennes, en particulier les PME. Mais elle ne sera acceptée qu’à condition d’apporter des résultats tangibles, notamment en réduisant les formalités et en garantissant une meilleure stabilité réglementaire.

Une réforme technique aux effets politiques majeurs

En s’attaquant à un pan crucial de son architecture fiscale, le Ghana envoie un signal fort : celui d’un pays qui veut réconcilier rigueur budgétaire et dynamisme économique. Mais ce pari reste délicat. Il devra conjuguer efficacité technique, acceptabilité sociale et crédibilité politique.

Le chemin est étroit, mais nécessaire. Car dans un contexte post-pandémie où chaque point de croissance compte, une fiscalité bien conçue pourrait faire la différence entre redressement durable et stagnation prolongée.