Avec une baisse spectaculaire du taux de pauvreté et une croissance économique soutenue, le Rwanda continue d’impressionner. Mais derrière les chiffres, de nouveaux enjeux se profilent pour garantir un développement inclusif, durable et équitable.
Une avancée sociale remarquable
Le Rwanda a réussi ce que peu de pays africains ont accompli : sortir 1,5 million de personnes de la pauvreté en moins d’une décennie. Selon la 7e enquête du Cabinet du Premier ministre sur les conditions de vie des ménages, le taux de pauvreté est passé de 38,9% en 2017 à 27,4% en 2024, tandis que l’extrême pauvreté a été réduite de moitié.
Ces chiffres ne sont pas que des statistiques. Ils reflètent des changements concrets dans la vie quotidienne des Rwandais : meilleure alimentation, accès à la santé, logement décent et surtout, accès accru à l’électricité. Aujourd’hui, 72% des ménages en bénéficient, contre seulement 34% en 2017.
Kigali, vitrine d’un modèle économique… mais pas sans contrastes
Le dynamisme de Kigali, avec ses infrastructures modernes et son attractivité pour les investisseurs, fait figure de vitrine. Le Rwanda est même régulièrement cité parmi les meilleurs pays pour faire des affaires en Afrique. Une réussite due à une gouvernance rigoureuse, un environnement d’investissement stable et une lutte constante contre la corruption.
Mais ce tableau flatteur cache encore des inégalités régionales. Dans plusieurs zones rurales, l’accès à l’eau potable, aux routes ou aux services de santé reste limité. Le défi est désormais de répartir les fruits de la croissance sur l’ensemble du territoire.
Un budget 2025-2026 tourné vers l’avenir
Le projet de budget 2025-2026 s’inscrit dans une vision de développement durable et inclusif. Le gouvernement mise sur une croissance verte, en renforçant les investissements publics tout en stimulant le secteur privé.
Des priorités claires ont été identifiées :- Sécurité alimentaire, notamment via le soutien à l’agriculture intelligente face au climat ;- Renforcement des infrastructures pour désenclaver les régions ;- Investissements sociaux accrus dans l’éducation et la santé.L’ambition est aussi de diversifier l’économie, trop dépendante des exportations de thé, café ou minerais.
Une ambition écologique inédite sur le continent
Le Rwanda ne cache pas sa volonté de devenir un champion africain de la finance verte. Le gouvernement prépare le lancement d’une « taxonomie verte », un outil permettant d’orienter les financements vers des projets respectueux de l’environnement : énergies renouvelables, agriculture durable, transport propre…
C’est un nouveau cap pour un pays qui a banni les sacs plastiques dès 2008, et où la capitale est régulièrement citée comme la ville la plus propre d’Afrique. Kigali espère ainsi attirer des investisseurs soucieux d’impact social et environnemental.
Des risques à ne pas négliger
Malgré ces avancées, le Rwanda reste confronté à plusieurs zones de fragilité :- Une dette publique croissante liée aux investissements massifs en infrastructures ;- Une économie encore vulnérable aux chocs extérieurs (prix des matières premières, climat) ;- Des tensions régionales persistantes, notamment avec la RDC, qui peuvent freiner l’élan économique.
Par ailleurs, les écarts sociaux restent importants. L’accès aux soins spécialisés ou à l’enseignement supérieur reste limité dans les milieux ruraux.
Un modèle à suivre ?
Le Rwanda est souvent cité en exemple. Et pour cause : peu de pays ont connu un tel rebond après un traumatisme aussi profond que le génocide de 1994. La résilience de sa population, alliée à une gouvernance stratégique, a permis au pays de se relever, de façonner un avenir et d’inspirer le continent.
Mais l’enjeu désormais est de ne pas s’arrêter en chemin. Réduire les inégalités, protéger les plus vulnérables, maintenir la stabilité politique et renforcer la transparence seront les clés d’un développement réellement durable.
