Or en crise au Mali : le conflit Barrick Gold–État malien vire à la casse sociale

0
81
Or en crise au Mali : le conflit Barrick Gold–État malien vire à la casse sociale
Or en crise au Mali : le conflit Barrick Gold–État malien vire à la casse sociale

D’après une enquête exclusive de Reuters publiée le 29 avril 2025, le différend entre le géant canadien Barrick Gold et le gouvernement malien s’enlise, avec pour conséquences immédiates des licenciements massifs chez les sous-traitants de la mine de Loulo-Gounkoto. Derrière ce bras de fer fiscal se joue aussi l’avenir du principal producteur d’or du Mali.

Le cœur du plus grand complexe aurifère du Mali est à l’arrêt depuis janvier 2025. Barrick Gold, deuxième producteur mondial d’or, est empêtré dans un litige avec les autorités maliennes, qui ont saisi trois tonnes d’or en l’accusant de ne pas avoir respecté ses obligations fiscales. Conséquence directe : les sous-traitants commencent à licencier en masse.

Une crise qui frappe l’emploi local


Selon des documents consultés par Reuters, au moins cinq entreprises sous-traitantes de Barrick sur le site Loulo-Gounkoto — dont BLY Mali, ETASI, ATC, MAXAM et SGS — ont commencé à suspendre ou licencier leur personnel. Certaines, comme BLY Mali (98 employés), vont jusqu’à liquider leur structure, faute de paiements depuis plusieurs mois.

Le tableau est sombre :

  • – ETASI (location d’équipements lourds) suspend ses 68 employés,
  • – ATC (construction métallique) est passé de 45 à 4 salariés entre janvier et mars,
  • – MAXAM (explosifs civils) prévoit une suspension de la majorité de ses 120 travailleurs en rotation,
  • – SGS bénéficie encore d’un sursis de quelques jours, mais l’incertitude règne.

Un différend ancré dans un contexte politique tendu

Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, la junte au pouvoir cherche à reprendre le contrôle des ressources nationales. Une nouvelle législation minière, introduite en 2023, impose des règles fiscales plus strictes. Barrick Gold, qui a pourtant signé un accord de sortie de crise en février, attend toujours qu’il soit entériné par Bamako.

La fermeture du bureau de Barrick à Bamako la semaine dernière marque une escalade dans cette confrontation. Pourtant, les salariés de Barrick au Mali continuent de toucher leurs salaires, et une partie d’entre eux a été temporairement transférée vers d’autres sites, notamment au Congo.

Une affaire à plusieurs dimensions


Au-delà du conflit fiscal, la situation met en lumière la fragilité des chaînes d’approvisionnement minier dans des États à gouvernance instable. Elle pose aussi la question du partage équitable des ressources minières entre multinationales et États africains.

Alors que Barrick extrait chaque année plusieurs tonnes d’or malien, l’État semble vouloir affirmer sa souveraineté économique. Mais ce bras de fer a un coût humain immédiat : des centaines de travailleurs maliens sans emploi, des entreprises locales étranglées, et une production gelée.

Le litige entre Barrick Gold et le Mali est plus qu’un simple différend fiscal : il illustre les tensions profondes entre intérêts étrangers et souveraineté nationale dans les secteurs stratégiques africains. L’avenir de l’exploitation minière au Mali dépendra de la capacité des deux parties à retrouver un terrain d’entente, avant que la crise ne devienne systémique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici