Hydrocarbures : Afreximbank va investir 3 milliards de dollars pour affranchir l’Afrique du pétrole importé

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Hydrocarbures : Afreximbank va investir 3 milliards de dollars pour affranchir l’Afrique du pétrole importé
Hydrocarbures : Afreximbank va investir 3 milliards de dollars pour affranchir l’Afrique du pétrole importé

Afreximbank lance un vaste programme pour stimuler la production et l’approvisionnement en carburants raffinés sur le continent. Une réponse stratégique aux défis énergétiques africains.

L’Afrique importe chaque année pour près de 30 milliards de dollars de produits pétroliers raffinés, une dépendance coûteuse pour un continent pourtant riche en brut. Ce paradoxe trouve sa source dans un déficit structurel de capacités de raffinage. Pour y remédier, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) vient de lancer un ambitieux programme de 3 milliards de dollars, destiné à financer les importations intra-africaines de produits pétroliers raffinés.

Objectif : stimuler le commerce continental, renforcer la sécurité énergétique, et réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. Présenté comme une facilité de financement renouvelable, ce programme pourrait mobiliser jusqu’à 14 milliards de dollars à terme, en accompagnant les gouvernements, les compagnies d’État et les entreprises privées dans leurs achats auprès de raffineries situées sur le continent.

Miser sur les capacités locales de raffinage

Depuis plusieurs années, Afreximbank investit massivement dans le développement des infrastructures pétrolières. Elle est notamment le principal bailleur de la raffinerie de Dangote au Nigéria, la plus grande d’Afrique, mise en service en 2024. À cela s’ajoutent les projets en cours à Lobito, Cabinda, Port Harcourt, ou encore le soutien actif à la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR).

À travers ces engagements, la banque contribue à créer une capacité de raffinage africaine dépassant 1,3 million de barils par jour. Une masse critique qui peut transformer des régions comme le Golfe de Guinée, jusque-là exportatrices de brut, en véritables hubs de transformation énergétique pour l’Afrique et au-delà.

Une ambition continentale alignée sur la ZLECAf

Ce programme s’inscrit pleinement dans la vision stratégique de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) : renforcer l’industrialisation, soutenir les chaînes de valeur régionales, et créer des emplois durables. Le soutien d’Afreximbank vise aussi à fluidifier les circuits logistiques et simplifier les instruments de paiement via des outils comme le PAPSS (système panafricain de règlement).

La banque prévoit de travailler de concert avec ses partenaires commerciaux, notamment ATDC Minerals, sa filiale dédiée au négoce, ainsi qu’avec les ministères africains de l’Énergie et des Finances. La priorité est donnée aux solutions souples, comme les crédits documentaires, les avances directes ou le préfinancement aux raffineries africaines.

Un impact sur toute la chaîne pétrolière

Au-delà du raffinage, ce programme pourrait avoir un effet multiplicateur sur l’économie : relance des services logistiques maritimes, développement de l’assurance cargo, et renforcement des métiers liés à la distribution énergétique.

Pour les pays enclavés comme le Malawi, ce mécanisme pourrait permettre des approvisionnements plus stables et moins coûteux, en évitant les circuits longs et dépendants des marchés extérieurs.

Une étape vers la souveraineté énergétique

En structurant une offre régionale solide autour du pétrole raffiné, Afreximbank cherche à relocaliser de la valeur ajoutée sur le continent. Un pari ambitieux, mais réaliste, au vu de la dynamique enclenchée dans le secteur énergétique africain.

À terme, l’enjeu n’est pas seulement commercial : il est géopolitique, industriel, et social. L’Afrique commence à poser les jalons d’une souveraineté énergétique assumée, en transformant ses ressources naturelles chez elle, pour elle.

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