
La Côte d’Ivoire se lance dans un projet audacieux de 21,44 millions de dollars, soit environ 12,4 milliards FCFA, pour dynamiser sa production de riz. L’objectif est clair : produire plus, mieux, et durablement, tout en réduisant la dépendance aux importations. Financé à 18,6 millions par le Fonds africain de développement et à 2,84 millions par l’État ivoirien, ce programme de trois ans cible les régions de Bélier et Gbèkè, des terres à fort potentiel agricole. L’Agence de développement de la filière riz (ADERIZ) orchestre cette initiative, avec l’ambition de moderniser une filière stratégique.
Environ 1 660 producteurs, dont 580 femmes et 415 jeunes, bénéficieront directement de ce projet. Ils recevront des semences améliorées, des engrais, des équipements modernes et un encadrement technique. Cette attention portée aux femmes et aux jeunes n’est pas anodine : elle vise à conjuguer développement économique et inclusion sociale. Au-delà des chiffres, le projet mise sur des pratiques climato-intelligentes. Les agriculteurs adopteront des techniques résistantes aux aléas climatiques, comme des variétés de riz adaptées à la sécheresse. Le programme soutient aussi la transformation du riz et son accès aux marchés, renforçant ainsi toute la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation.
Ce projet répond à un défi majeur. La Côte d’Ivoire importe près de la moitié de son riz, soit environ 1,2 million de tonnes par an, une facture qui pèse lourd sur l’économie. En 2023, ces importations ont coûté des centaines de millions de dollars. Ce nouvel élan s’inscrit dans la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR), qui vise l’autosuffisance d’ici 2030. Il s’aligne également sur les engagements du Sommet de Dakar 2, où les dirigeants africains ont fait de la souveraineté alimentaire une priorité. Dans une Afrique de l’Ouest dépendante du riz asiatique, ce projet, baptisé REWARD-CI, pourrait devenir un modèle pour d’autres pays.
Mais les obstacles ne manquent pas. Les efforts passés, comme la SNDR 2012-2020, ont buté sur des financements insuffisants et des problèmes logistiques. Distribuer les intrants agricoles dans les zones rurales reste complexe. Les aléas climatiques, entre inondations et sécheresses, menacent les rendements. Surtout, le riz importé, souvent moins cher, reste un concurrent redoutable. Pour réussir, le projet devra garantir une qualité irréprochable et des coûts compétitifs.
Malgré ces défis, l’opportunité est immense. Une filière rizicole modernisée pourrait créer des emplois, stimuler l’économie rurale et alléger la facture des importations. Les investissements dans la transformation et le commerce local dynamiseront les marchés intérieurs. Pour les agriculteurs, c’est une chance d’améliorer leurs revenus et de s’adapter au changement climatique. Ce projet incarne une ambition forte : faire du riz ivoirien un moteur de croissance et de résilience. Son succès dépendra de l’exécution rigoureuse d’ADERIZ et du soutien des partenaires internationaux.
Les 1 660 producteurs concernés portent un espoir concret. Si le pari est tenu, la Côte d’Ivoire pourrait non seulement nourrir sa population, mais aussi inspirer une révolution agricole en Afrique de l’Ouest. Pour suivre cette aventure, les annonces d’ADERIZ (www.aderiz.ci) et les rapports de la Banque africaine de développement offrent des pistes précieuses. L’avenir du riz ivoirien se joue maintenant.