Galana Kulalu : le Kenya mise sur l’irrigation pour vaincre la faim

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Le Kenya entre dans une nouvelle phase cruciale pour son agriculture avec le projet Galana Kulalu, une initiative ambitieuse visant à renforcer la sécurité alimentaire nationale. Après des années de préparation, les infrastructures clés sont désormais achevées, et le projet se rapproche de son lancement opérationnel. Situé dans la région côtière du Tana River, ce vaste programme prévoit d’irriguer 250 000 acres, soit plus de 100 000 hectares, pour stimuler la production agricole et réduire la dépendance alimentaire du pays.

Au cœur de ce projet se trouvent des installations hydrauliques modernes : un réservoir de 450 millions de litres, des canaux d’admission et de sortie permettant de maîtriser l’eau de la rivière Galana tout au long de l’année, ainsi qu’un puisard de 20 millions de litres. Pour garantir un approvisionnement durable, la construction d’un barrage supplémentaire est aussi prévue. Mais le projet ne se limite pas à la gestion de l’eau. Un pont de 200 mètres, des routes d’accès et un système d’électrification sont en cours de réalisation pour faciliter la logistique et réduire les coûts liés à la production, notamment en éliminant l’usage du diesel grâce à une alimentation électrique propre.

Galana Kulalu s’appuie sur un modèle économique hybride, combinant investissements publics et privés. Trois acteurs majeurs ont déjà été désignés : Selu Limited, la Fondation Nyumbani et le groupe Al Dahra des Émirats arabes unis, qui exploitera la plus grande partie des terres. Ce partenariat public-privé permet de mobiliser des ressources tout en espérant générer des bénéfices pour l’économie locale. Cependant, cette ouverture soulève des questions légitimes sur la gouvernance foncière, l’accès équitable aux terres et le rôle des investisseurs étrangers dans la souveraineté alimentaire du Kenya.

Le président William Ruto mise beaucoup sur ce projet pour créer des emplois, augmenter la production alimentaire et développer un secteur agroalimentaire orienté vers l’exportation. L’agriculture, qui représente une part majeure du PIB et emploie une grande partie de la population rurale, est considérée comme un levier essentiel contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. L’électrification du site, prévue pour 2026, devrait en outre améliorer la durabilité du projet en réduisant les coûts énergétiques.

Cependant, Galana Kulalu fait face à des défis importants. Des projets similaires ont échoué par le passé, victimes de mauvaise gestion, de conflits fonciers et d’un manque de transparence. Le succès dépendra donc de la capacité des autorités à instaurer une gouvernance rigoureuse, à assurer une répartition juste des terres et à inclure les communautés locales dans cette dynamique.

Ce projet incarne une ambition stratégique forte : réduire la faim tout en modernisant l’agriculture kényane. Mais au-delà des infrastructures et des partenariats, sa réussite tiendra à l’équilibre entre développement économique, justice sociale et protection des ressources naturelles. C’est cette équation complexe que le Kenya devra résoudre pour transformer Galana Kulalu en un véritable moteur de croissance inclusive et durable.

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