L’Algérie entre dans la banque des BRICS : un virage stratégique

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BEIJING, CHINA - JULY 17: (----EDITORIAL USE ONLY - MANDATORY CREDIT - "PRESIDENCY OF ALGERIA / HANDOUT" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS----) Chinese President Xi Jinping meets with President of Algeria Abdelmadjid Tebboune in Beijing, China on July 17, 2023. 19 cooperation agreements and memorandums of understanding were signed in order to strengthen the cooperation between the China and Algeria. (Photo by Algerian Presidency / Handout/Anadolu Agency via Getty Images)

L’information est désormais officielle : l’Algérie a rejoint la Nouvelle Banque de Développement (NBD), l’institution financière du groupe des BRICS. Une adhésion qui dépasse largement le simple accès à des financements. Elle marque un tournant dans la trajectoire économique et géopolitique du pays, et confirme la montée en puissance du Sud global dans l’ordre international.

Un levier financier stratégique

La NBD, fondée en 2014 par les cinq membres historiques des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), s’est donnée pour mission de financer le développement durable dans les pays émergents. En intégrant cette banque, l’Algérie s’offre une alternative concrète aux institutions financières traditionnelles, comme le FMI ou la Banque mondiale, dont les conditionnalités sont souvent critiquées dans les pays du Sud.

Pour Alger, c’est l’opportunité de mobiliser des ressources en devises fortes ou en monnaies locales, afin de soutenir des projets structurants : infrastructures, énergie, agriculture, transition verte… Autant de domaines clés pour une économie en quête de diversification.

Une rupture diplomatique assumée

Mais l’adhésion va bien au-delà du seul financement. Elle traduit une volonté politique forte : celle de s’affranchir progressivement des logiques de dépendance héritées de l’ordre postcolonial. En rejoignant la NBD, l’Algérie se rapproche d’un bloc qui milite pour une refondation des règles économiques mondiales, avec moins de poids accordé au dollar et aux institutions de Bretton Woods.

Ce geste s’inscrit dans une réorientation plus large de la diplomatie algérienne, de plus en plus tournée vers l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. Il conforte la stratégie d’un pays qui revendique un rôle de médiateur régional, mais aussi de porte-voix des aspirations du continent africain dans les forums mondiaux.

Le Sud global en action

L’entrée de l’Algérie renforce un peu plus la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale. Elle survient à un moment où les BRICS cherchent à élargir leur cercle et à s’imposer comme une force alternative au G7. La NBD devient l’un des instruments concrets de cette ambition : elle incarne une coopération Sud-Sud active et solidaire, bien loin du paternalisme des anciens bailleurs de fonds.

L’Algérie, riche en hydrocarbures, stratégiquement située entre Méditerranée et Sahel, peut jouer un rôle pivot. Sa participation à la NBD envoie un message : le Sud global s’organise, se finance, s’affirme.

Vers une adhésion complète aux BRICS ?

Pour de nombreux analystes, ce pas franchi pourrait préluder à une adhésion politique plus large au sein des BRICS. L’Algérie a déjà exprimé son intérêt, et cette intégration bancaire pourrait en être l’antichambre. Si cela se concrétise, ce serait une nouvelle étape dans la recomposition des alliances mondiales.

Un changement de cap aux multiples implications

Sur le plan économique, l’Algérie diversifie ses sources de financement. Sur le plan géopolitique, elle prend place dans un monde multipolaire en gestation. Et sur le plan diplomatique, elle envoie un signal fort : celui d’un pays qui entend compter, décider, et proposer un autre chemin.L’adhésion à la NBD n’est pas une fin en soi. C’est le début d’une nouvelle stratégie de souveraineté, d’influence, et de coopération.

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