
Avec un financement de 184,1 millions de dollars, la Banque africaine de développement appuie la construction en Égypte de la plus grande centrale solaire d’Afrique, dotée d’un système de stockage par batteries.
L’Égypte franchit une nouvelle étape dans sa transition énergétique. Le 11 juin 2025, la Banque africaine de développement (BAD) a validé un financement de 184,1 millions de dollars pour soutenir la construction du projet Obelisk : une centrale solaire de 1 gigawatt, couplée à un système de stockage d’énergie par batteries de 200 MWh. Le complexe sera situé dans le gouvernorat de Qena, dans le sud du pays.
Cette centrale deviendra, une fois achevée, la plus grande du continent en puissance installée. Elle injectera près de 2 772 gigawattheures d’énergie propre chaque année dans le réseau électrique égyptien. L’électricité sera achetée sur 25 ans par la Compagnie égyptienne de transport d’électricité, dans le cadre d’un contrat à long terme.
Financement multiple pour un projet d’envergure
Le coût global du projet est estimé à plus de 590 millions de dollars. Outre les 125,5 millions issus des ressources ordinaires de la BAD, plusieurs partenaires internationaux sont mobilisés. Le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) apporte 20 millions de dollars, le Fonds climatique Canada-BAD contribue à hauteur de 18,6 millions, et 20 millions supplémentaires proviennent du Fonds pour les technologies propres, rattaché au Fonds d’investissement climatique.
Un consortium d’institutions de financement du développement est également impliqué. Cette structure financière mixte reflète l’intérêt croissant des bailleurs internationaux pour des projets sobres en carbone sur le continent africain.
Un levier du programme NWFE
Obelisk s’inscrit dans le cadre de NWFE (Nexus of Water, Food and Energy), une plateforme stratégique lancée par l’Égypte lors de la COP27 en 2022. Elle vise à mobiliser les financements privés pour remplacer progressivement les énergies fossiles par des sources renouvelables.
« Depuis son lancement, NWFE a permis d’attirer 4,2 GW d’investissements privés dans les renouvelables, pour un montant d’environ 4 milliards de dollars », a déclaré Rania Al-Mashat, ministre égyptienne de la Planification et de la Coopération internationale. Le pays vise, d’ici 2030, 10 GW supplémentaires de capacités renouvelables et la suppression de 5 GW de production à base de combustibles fossiles.
Le projet a reçu la « licence d’or » du gouvernement égyptien, une reconnaissance officielle de son caractère stratégique.
Impact environnemental et social
Le projet ne se limite pas à la production d’énergie. Il intègre un système de stockage par batterie, qui permettra de stabiliser l’approvisionnement, de répondre aux pics de consommation et de réduire la variabilité de la production solaire.
Sur le plan climatique, Obelisk permettra d’éviter l’émission d’environ un million de tonnes de CO₂ par an. Côté emploi, il générera environ 4 000 postes durant la phase de construction et 50 emplois permanents, avec un accent mis sur l’inclusion des jeunes et des femmes.
Un projet aligné sur la stratégie de la BAD
Le projet Obelisk s’inscrit pleinement dans les orientations stratégiques de la Banque africaine de développement. Il s’aligne sur son New Deal pour l’énergie en Afrique, la stratégie décennale du groupe, ainsi que sur le cadre stratégique du SEFA, qui vise à accélérer la transition énergétique sur le continent.
« Obelisk s’appuie sur le leadership de l’Égypte et de la Banque africaine de développement pour répondre durablement à la demande énergétique croissante du pays », a déclaré Kevin Kariuki, vice-président de la BAD chargé de l’électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte.
Un modèle pour le continent
L’impact du projet dépasse les frontières égyptiennes. Il est considéré comme un modèle reproductible dans d’autres pays africains. « Ce projet exploite le potentiel abondant des énergies renouvelables en Afrique et démontre comment des partenariats solides et des solutions innovantes peuvent équilibrer sécurité énergétique, accessibilité financière et développement durable », a résumé Wale Shonibare, directeur des solutions financières à la BAD.
Le soutien du Canada, via son ambassadeur en Égypte, Ulric Shannon, renforce la dimension internationale de cette initiative : « Le Canada est fier de soutenir le développement de l’énergie solaire en Égypte, une étape importante vers la stabilité énergétique et une économie à faible émission de carbone. »
Avec le projet Obelisk, l’Égypte mise sur le solaire pour renforcer sa souveraineté énergétique, réduire son empreinte carbone et inspirer d’autres nations africaines dans leur transition énergétique.