Climat, pauvreté, dette : la Banque mondiale sonne l’alarme pour l’avenir de la Sierra Leone

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Climat, pauvreté, dette : la Banque mondiale sonne l’alarme pour l’avenir de la Sierra Leone
Climat, pauvreté, dette : la Banque mondiale sonne l’alarme pour l’avenir de la Sierra Leone

La Sierra Leone se trouve à un carrefour critique de son histoire économique. Dans deux rapports publiés ce 16 juin, la Banque mondiale alerte sur une combinaison de vulnérabilités qui menace gravement la trajectoire de développement du pays. Pauvreté endémique, endettement public croissant et impacts du changement climatique s’entremêlent, dressant un tableau préoccupant. Mais l’institution internationale propose également des pistes concrètes pour sortir de cette spirale.

Un modèle de croissance à bout de souffle

Dans son Mémorandum économique national (CEM), la Banque mondiale dresse un diagnostic sévère. Malgré une abondance de ressources naturelles, la Sierra Leone peine à traduire ce potentiel en amélioration du niveau de vie de sa population. Le PIB par habitant reste inférieur à celui de la majorité des pays à faible revenu, et la pauvreté persiste. La faute à une instabilité macroéconomique chronique alimentée par des politiques budgétaires et monétaires jugées trop laxistes, une gouvernance déficiente, et des dépenses publiques souvent incontrôlées.

Le secteur privé, pierre angulaire de toute croissance durable, reste embryonnaire. Les entreprises font face à une série d’obstacles structurels : manque d’accès au crédit, faiblesse des infrastructures, rareté du foncier, inadéquation des compétences de la main-d’œuvre. En parallèle, le poids de la dette publique freine tout investissement stratégique.

Le climat, nouveau facteur de fragilité systémique

Mais c’est surtout dans le Rapport national sur le climat et le développement (CCDR) que l’alerte prend une dimension plus dramatique. Selon les projections de la Banque mondiale, la Sierra Leone pourrait perdre jusqu’à 10 % de son PIB d’ici 2050 à cause des effets du changement climatique. Le pays figure déjà parmi les 15 nations les plus exposées au monde.

L’agriculture, principal secteur d’emploi, est menacée par l’irrégularité croissante des pluies et la hausse des températures. Les infrastructures, déjà précaires, sont de plus en plus vulnérables aux inondations. Et les coûts sociaux s’alourdissent : près de 600 000 personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050.

Une double urgence : réformer et s’adapter

Face à ces défis, la Banque mondiale propose une stratégie articulée autour de deux priorités : réformes économiques structurelles et adaptation au changement climatique.

Sur le plan économique, elle recommande notamment :

  • – une consolidation budgétaire rigoureuse ;
  • – une réévaluation du rôle des entreprises publiques ;
  • – une meilleure gestion de la dette ;
  • – un investissement massif dans le capital humain et les infrastructures.

En parallèle, le CCDR insiste sur la nécessité d’investir dans :

  • – des villes durables et des infrastructures vertes ;
  • – une agriculture intelligente face au climat ;
  • – des systèmes de santé et de protection sociale résilients.

Mais l’institution avertit : ces transformations nécessitent des ressources financières conséquentes, bien au-delà des capacités nationales actuelles. Une mobilisation accrue des partenaires techniques et financiers, des investisseurs privés et une réforme de la fiscalité s’avèrent indispensables.

L’opportunité derrière la menace

Si la tonalité des rapports est résolument alarmiste, elle n’en est pas moins lucide. Pour la Banque mondiale, la crise actuelle peut aussi devenir un levier de transformation. Le climat n’est pas seulement une contrainte : il peut devenir un catalyseur pour redéfinir le modèle de développement du pays, attirer des financements verts, et bâtir une économie plus inclusive, plus productive, et surtout, plus résiliente.

« Le changement climatique n’est pas seulement une menace pour les objectifs de développement de la Sierra Leone, mais aussi une opportunité pour construire un avenir durable », résume Sabrina Haque, spécialiste de l’environnement à la Banque mondiale.

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