Mines / Côte d’Ivoire : Nouveaux permis aurifères pour doper l’économie

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Mines / Côte d'Ivoire : Nouveaux permis aurifères pour doper l’économie
Mines / Côte d'Ivoire : Nouveaux permis aurifères pour doper l’économie

La Côte d’Ivoire accélère sa course vers l’or. Lors du Conseil des ministres du 18 juin 2025, trois nouveaux permis de recherche aurifère ont été attribués, marquant une étape clé dans l’essor du secteur minier. Ces autorisations, délivrées à des entreprises locales, visent à exploiter le potentiel géologique du pays tout en respectant des normes environnementales strictes. Mais que signifient ces permis pour l’économie ivoirienne ?

Trois permis pour l’or

Le gouvernement a octroyé deux permis à l’Entreprise Ivoirienne d’Activités Minières SARL (ENIAM SARL) pour explorer l’or dans les départements de Danané (ouest) et de Kong (nord). Un troisième permis a été attribué à K MINING SARL pour les départements de Djékanou, Oumé et Toumodi (centre-sud). Valables quatre ans, ces permis s’inscrivent dans un cadre réglementaire exigeant, avec des conditions techniques et environnementales précises, selon le communiqué officiel du Conseil des Ministres.

Ces régions, riches en formations birimiennes – des roches géologiques propices à l’or –, renforcent l’attractivité de la Côte d’Ivoire. Avec 35% des formations aurifères d’Afrique de l’Ouest sur son territoire, le pays ambitionne de produire 62 à 65 tonnes d’or en 2025, contre 58 tonnes en 2024.

Un secteur minier en pleine effervescence

Le secteur minier ivoirien connaît un dynamisme sans précédent. En 2024, la mine de Lafigué, exploitée par Endeavour Mining, a démarré sa production, visant 180 000 à 210 000 onces d’or en 2025. Plus récemment, la découverte du gisement de Doropo par Resolute Mining, avec ses 100 tonnes de réserves estimées, promet un investissement de 250 millions de dollars et 3 000 emplois. « Le secteur minier connaît une dynamique remarquable », a déclaré le président Ouattara dans une publication LinkedIn du 19 juin 2025, soulignant aussi les découvertes de lithium et de nickel, essentiels pour la transition énergétique mondiale.

Ces permis s’ajoutent aux 174 licences d’exploration aurifère actives en 2023. Ils reflètent la stratégie du gouvernement : faire du secteur minier le deuxième pilier économique après l’agriculture, avec une contribution visée de 6% du PIB d’ici fin 2025, contre 4% actuellement.

Des entreprises locales à l’honneur

L’attribution de permis à des entreprises ivoiriennes comme ENIAM SARL et K MINING SARL illustre l’accent mis sur le contenu local. « Le développement des mines agit comme un catalyseur pour le renforcement des capacités des entreprises ivoiriennes », a affirmé le président Ouattara. Cette approche vise à intégrer les acteurs locaux dans la chaîne de valeur, de l’exploration à la transformation. En 2022, le secteur minier a généré 351 milliards FCFA de recettes fiscales, et les entreprises ont versé 7,11 milliards FCFA aux communautés via les Comités de Développement Local Minier.

Ces permis devraient également créer des emplois. Le secteur minier emploie déjà plus de 500 000 personnes, notamment dans l’orpaillage artisanal. Cependant, cet essor doit être accompagné de formations, comme le programme de bourses lancé en mai 2025 pour former des jeunes en géosciences et en gestion minière.

Un défi environnemental majeur

Si l’or brille, il pose aussi des défis. L’exploitation artisanale, qui produit 7 tonnes d’or par an, utilise 10 tonnes de mercure, polluant l’eau et les sols. La déforestation, avec moins de 3 millions d’hectares de forêts restants, inquiète. Le gouvernement, conscient de ces enjeux, impose des normes environnementales strictes pour les nouveaux permis. Le président Ouattara a réaffirmé son engagement pour un développement durable, avec un objectif de 45% d’énergies renouvelables d’ici 2030 et une réduction de 28% des émissions de gaz à effet de serre.

Des initiatives comme planet GOLD, qui soutient 4 000 mineurs artisanaux, visent à réduire l’usage du mercure. « Nous travaillons pour la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui et de demain », a insisté le chef de l’État.

Vers une industrialisation durable ?

Ces permis s’inscrivent dans une vision plus large. Outre l’or, la découverte de gisements de lithium à Agboville et Boundiali positionne la Côte d’Ivoire comme un acteur clé pour les batteries électriques. Le secteur pétrolier, avec les gisements offshore Baleine (50 000 à 60 000 barils par jour), complète cette dynamique. « Ces ressources constituent une opportunité historique pour accélérer l’industrialisation », a déclaré le président.

Cependant, des défis subsistent. La dépendance à l’or expose le pays aux fluctuations des cours mondiaux. Diversifier vers le nickel, le lithium ou la bauxite est crucial. Le projet de terminal minéralier à Abidjan, d’un coût de 250 millions de dollars, pourrait faire du pays un hub logistique régional.

Une ambition régionale

Avec ces nouveaux permis, la Côte d’Ivoire consolide son rang de leader minier en Afrique de l’Ouest. L’objectif est clair : rivaliser avec le Ghana d’ici 2030. En combinant gouvernance transparente, contenu local et respect des engagements climatiques, le pays veut transformer ses richesses souterraines en prospérité durable pour ses citoyens.

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