Mauritanie : Une croissance prometteuse, mais une pauvreté qui résiste

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Mauritanie : Une croissance prometteuse, mais une pauvreté qui résiste
Mauritanie : Une croissance prometteuse, mais une pauvreté qui résiste

La Banque mondiale alerte sur une augmentation de la pauvreté en Mauritanie, malgré des perspectives économiques portées par le gaz.

L’économie mauritanienne avance, mais sa population recule. C’est, en substance, ce que révèle le tout dernier rapport de la Banque mondiale intitulé Mauritania Economic Update 2025. Dans ce document publié en juin, l’institution de Bretton Woods salue la résilience économique du pays, tout en tirant la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la pauvreté et les fragilités sociales persistantes.

Une croissance qui tient bon

En 2024, le PIB réel de la Mauritanie a progressé de 5,2%, un léger ralentissement par rapport aux 6,4% enregistrés en 2023. Pour les économistes, c’est une performance honorable dans un contexte marqué par des chocs multiples : instabilité régionale, changement climatique, volatilité des matières premières.

Cette dynamique est appelée à se maintenir. La Banque mondiale prévoit une croissance de 5,1% en moyenne entre 2025 et 2027, tirée par l’entrée en production du méga-projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), développé à la frontière avec le Sénégal.

« Le développement du secteur gazier offre à la Mauritanie une opportunité unique de transformation structurelle, à condition que les revenus soient bien gérés », souligne le rapport.

Une pauvreté en hausse, malgré tout

Mais cette croissance ne profite pas à tous. Au contraire, la pauvreté progresse. En 2024, 28,4% des Mauritaniens vivaient avec moins de 3,65 dollars par jour, le seuil de pauvreté internationale. Ce chiffre pourrait atteindre 31,8% d’ici 2027, soit 193 000 personnes supplémentaires en situation de grande précarité.

En cause : l’inflation, la faiblesse des filets sociaux, les inégalités territoriales et l’impact croissant du changement climatique, notamment sur les zones rurales dépendantes de l’élevage et de l’agriculture.

Des inégalités structurelles profondes

La pauvreté mauritanienne n’est pas que monétaire. Elle est aussi sociale. L’accès aux services de base reste inégal. Le rapport insiste sur l’importance de renforcer les systèmes de protection sociale adaptative, capables de réagir rapidement aux chocs. En particulier, les programmes de transferts monétaires doivent devenir des outils permanents et non conjoncturels.

« Un filet social solide est essentiel pour protéger les ménages vulnérables contre les chocs économiques et climatiques », plaide la Banque mondiale.

Une dette publique sous contrôle

Sur le plan macroéconomique, la gestion budgétaire reste prudente. La dette publique se situe autour de 44–45% du PIB, un niveau jugé soutenable par les institutions financières internationales. Les projections tablent sur une stabilisation autour de 43,7% du PIB entre 2025 et 2027, grâce à une discipline fiscale et à l’apport attendu des revenus gaziers.

Le déficit budgétaire, lui, devrait rester contenu à ‑1,1% du PIB durant la même période, malgré une hausse des dépenses d’investissement public, notamment dans les infrastructures et la sécurité sociale.

Enjeux futurs : répartition et inclusion

Le défi est désormais de transformer la croissance en inclusion. Autrement dit : comment faire en sorte que les fruits du développement gazier ne restent pas concentrés dans les mains d’une minorité ? La réponse passe par une gouvernance plus transparente, une redistribution équitable des revenus et un ciblage plus fin des politiques sociales.

Car sans cela, le paradoxe pourrait perdurer : une Mauritanie qui croît sur le papier, mais qui s’appauvrit dans les faits.

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