La Banque africaine de développement prévoit une croissance supérieure à 7% pour la Côte d’Ivoire en 2025, plaçant le pays parmi les économies les plus dynamiques du continent et du monde.
Le dynamisme économique ivoirien continue de se confirmer. La Banque africaine de développement (BAD) a lancé le lundi 23 juin 2025 à Abidjan son édition 2025 des Rapports économiques pays (Country Focus Reports), en mettant à l’honneur la Côte d’Ivoire. Le pays devrait connaître l’une des croissances les plus rapides au monde cette année, selon les données publiées.
Ces rapports complètent les Perspectives économiques en Afrique (PEA) dévoilées en mai dernier lors des Assemblées annuelles de la Banque, en fournissant une lecture nationale plus fine des dynamiques macroéconomiques. Ils s’adressent aux décideurs publics, aux investisseurs et aux chercheurs pour orienter les politiques et priorités de développement.
« Les Rapports économiques pays constituent un outil essentiel pour transposer les analyses macroéconomiques des PEA au niveau national », a souligné Kevin Urama, économiste en chef et vice-président de la BAD.
Une trajectoire de croissance exceptionnelle
Parmi les faits saillants, le rapport indique que 21 pays africains devraient enregistrer une croissance du PIB supérieure à 5% en 2025. Quatre d’entre eux, dont la Côte d’Ivoire, franchiraient la barre symbolique des 7%, seuil jugé crucial pour accélérer la réduction de la pauvreté.
Plus encore, la Côte d’Ivoire figure parmi les onze pays africains susceptibles d’entrer dans le Top 20 mondial des économies à la croissance la plus rapide cette année.
Cette performance s’explique par plusieurs moteurs solides :
- Une position dominante dans la filière cacao, avec 40% de la production mondiale,
- Une hausse de l’extraction d’or et de pétrole brut,
- Une démographie dynamique, avec près de 50% de la population âgée de moins de 20 ans,
- Des investissements soutenus dans les télécommunications et les transports.
Le résultat de réformes engagées
Présent lors de la table ronde organisée en marge de la présentation, Marcelin Cissé, directeur général de la Planification au ministère de l’Économie, a rappelé que la Côte d’Ivoire a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 6,5% entre 2021 et 2025, contre seulement 2,1% entre 2012 et 2019.
Une progression rendue possible par les efforts réalisés dans le cadre du Plan national de développement (PND) 2021-2025, axé sur la réforme de la gouvernance économique, la modernisation de la fiscalité et l’amélioration de l’environnement des affaires. Le prochain PND (2026-2030) vise à porter cette dynamique à 7% par an en moyenne.
Clément Kouakou, directeur de cabinet adjoint du ministre ivoirien de l’Économie, a salué le rapport de la BAD, soulignant qu’il « offre des recommandations pratiques pour améliorer l’efficacité des leviers de croissance de la Côte d’Ivoire et soutenir notre trajectoire ascendante en matière de croissance économique et de développement humain ».
Le secteur privé alerte sur le manque de compétences
Mais cette trajectoire ambitieuse se heurte à un défi bien connu : le manque de main-d’œuvre qualifiée. Rose Don Mello, secrétaire exécutive de l’Union des grandes entreprises industrielles de Côte d’Ivoire (UGECI), a alerté sur ce point.
Selon elle, le déficit de compétences spécialisées freine la productivité du secteur privé, malgré un environnement économique porteur. Elle a salué les initiatives croissantes des entreprises en faveur de la formation et de la réforme des programmes scolaires, pour mieux adapter les profils aux besoins du marché.
Le capital humain, un levier à renforcer
Le rapport s’inscrit dans le thème global des PEA 2025 : « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ». Pour la Côte d’Ivoire, cela signifie investir davantage dans le capital humain, c’est-à-dire les connaissances, la santé et les compétences de sa population.
Avec une population jeune, un tissu économique dynamique et un fort potentiel naturel, le pays possède les bases d’une émergence soutenue. Encore faut-il que cette croissance se traduise par des retombées visibles sur les conditions de vie, une meilleure inclusion sociale et un développement équilibré des territoires.
Une série de rapports attendue à l’échelle du continent
Le lancement du rapport ivoirien ouvre la voie à la diffusion progressive des Rapports économiques pays 2025 dans tous les États membres de la Banque africaine de développement. Chaque pays bénéficiera ainsi d’un document de référence spécifique, basé sur des données fiables et élaboré en consultation avec des experts nationaux.
En somme, la BAD envoie un signal fort : la Côte d’Ivoire dispose de bases solides pour accélérer son développement. Reste à relever les défis structurels pour transformer cette croissance en progrès durable.