Afreximbank sonne l’alerte : l’Afrique doit rompre avec sa dépendance commerciale

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Afreximbank sonne l’alerte : l’Afrique doit rompre avec sa dépendance commerciale
Afreximbank sonne l’alerte : l’Afrique doit rompre avec sa dépendance commerciale

En plein ralentissement de l’économie mondiale, Afreximbank appelle à une transformation structurelle du commerce africain, misant sur l’intégration régionale, l’industrialisation et une réforme de la gouvernance financière mondiale.

Le commerce africain se redresse, mais reste fragile. Après une contraction de 5,4% en 2023, le volume des échanges de marchandises a bondi de 13,9% en 2024, atteignant 1 500 milliards de dollars. Dans ce contexte marqué par des tensions géopolitiques, des barrières commerciales croissantes et une incertitude financière persistante, Afreximbank a présenté, le 25 juin à Abuja, son rapport 2025 sur le commerce africain, lors de ses Assemblées annuelles.

Intitulé « Le commerce africain dans une architecture financière mondiale en mutation », le rapport analyse les performances du continent et propose une stratégie ambitieuse pour renforcer sa résilience économique dans un monde en recomposition.

« Le rapport de cette année propose une feuille de route convaincante pour que l’Afrique se repositionne dans une économie mondiale volatile », a déclaré le professeur Benedict Oramah, président du conseil d’administration d’Afreximbank.

Rebond commercial porté par la ZLECAf, mais dépendance persistante

Le principal signal encourageant provient des échanges intra-africains, qui ont progressé de 12,4% en 2024, atteignant 220,3 milliards de dollars, après un recul de 5,9% l’année précédente. Cette dynamique illustre les effets positifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont la mise en œuvre se consolide.

Mais le constat reste préoccupant : l’Afrique ne représente encore que 3,3% des exportations mondiales, confirmant une forte dépendance aux matières premières et une faible intégration dans les chaînes de valeur globales.

« Cela montre les avantages tangibles de la mise en œuvre de la ZLECAf, même si le continent est confronté à une inflation croissante, à des risques liés à la dette souveraine et à un déficit persistant de financement du commerce », a souligné Yemi Kale, économiste en chef du groupe.

Ce déficit est estimé à 100 milliards de dollars, un frein majeur pour les entreprises africaines, notamment les PME, qui peinent à financer leurs opérations d’import-export.

Vers une souveraineté commerciale et monétaire

Le rapport identifie plusieurs leviers pour surmonter ces obstacles :

La ZLECAf, considérée comme un socle de résilience commerciale,

Le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui réduit la dépendance aux devises étrangères en facilitant les paiements transfrontaliers en monnaies locales,

L’essor de l’Alliance des institutions financières multilatérales africaines (AAMFI), visant à reconstruire un écosystème financier plus adapté aux réalités africaines.

En 2024, Afreximbank a ainsi déboursé plus de 17,5 milliards de dollars en financement du commerce, avec l’objectif d’atteindre 40 milliards d’ici 2026.

L’Afrique au G20 : une tribune pour la réforme du système mondial

Dans un monde où les déséquilibres financiers se creusent, le rapport insiste sur la nécessité pour l’Afrique de peser davantage dans les institutions internationales. Le siège obtenu récemment au G20 est perçu comme une opportunité stratégique pour faire entendre des revendications concrètes :

Un meilleur accès aux droits de tirage spéciaux (DTS), outil de liquidité émis par le FMI,

Un financement climatique plus équitable,

Une révision des critères de notation de crédit, jugés peu représentatifs du potentiel réel des économies africaines.

Ces réformes sont présentées comme essentielles pour rétablir une justice financière mondiale et donner aux pays africains les moyens de leurs ambitions.

Une vision stratégique à l’échelle continentale

Plus qu’un diagnostic, le rapport 2025 trace les contours d’une stratégie offensive. Il plaide pour une mobilisation accrue des ressources africaines – fonds souverains, fonds de pension – et une harmonisation des règles commerciales entre les pays.

« L’Afrique doit transformer la fragmentation mondiale en opportunité d’industrialisation, de progrès numérique et de renforcement du contrôle de ses systèmes financiers », conclut le professeur Oramah.

Alors que la croissance mondiale devrait ralentir à 3,3% en 2025, le continent africain, avec une croissance prévue à 3,2%, conserve une relative stabilité. Mais cette stabilité reste fragile et inégalement répartie.

Pour Afreximbank, l’avenir économique du continent dépendra de sa capacité à passer de la dépendance à l’autonomie, de la fragmentation à l’intégration, de la réaction à la stratégie.

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