Sénégal : l’État veut mobiliser 7,8 milliards de dollars par les PPP d’ici 2029

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Le gouvernement sénégalais mise résolument sur les partenariats public-privé (PPP) pour financer ses ambitions économiques à l’horizon 2029. Objectif affiché : mobiliser 4 370 milliards FCFA, soit environ 7,8 milliards de dollars, dans des projets structurants, avec une plus grande implication du secteur privé local.

Réunis à Dakar le vendredi 27 juin 2025, les représentants du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération (MEPC) ont échangé avec les acteurs du secteur privé dans le cadre de la mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050. La rencontre, présidée par le directeur de cabinet du ministre, M. Gorgui Fall, visait à renforcer la compréhension mutuelle autour du cadre juridique et des opportunités offertes par les PPP. Elle s’inscrit dans la continuité de la collaboration entre l’État du Sénégal et la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF), organe de la Banque africaine de développement.

Des PPP au cœur de la stratégie d’investissement

Devant les participants, Gorgui Fall a affirmé que « les PPP représentent un levier majeur d’investissement, avec une prévision de 4 370 milliards FCFA mobilisables par ce biais sur la période 2025–2029 ». Selon lui, cette stratégie s’appuie sur un dialogue plus étroit entre l’État et les entreprises nationales afin de bâtir une croissance plus inclusive.

Depuis plusieurs années, le Sénégal multiplie les recours aux PPP dans des secteurs aussi variés que les infrastructures routières, les transports, l’énergie, l’eau ou encore les télécommunications. Des projets emblématiques comme l’autoroute à péage Dakar–Diamniadio, le nouvel aéroport international Blaise Diagne ou le futur port de Ndayane illustrent cette dynamique.

Moderniser, dialoguer, inclure

Mais si les ambitions sont claires, les défis le sont tout autant. Le directeur de cabinet a reconnu les difficultés rencontrées par les opérateurs privés : complexité des procédures, manque d’information, accès limité au financement. Des freins qui limitent la participation des PME locales, pourtant essentielles à l’ancrage économique des projets.

Face à cela, l’État s’appuie sur la loi n°2021-23 du 2 mars 2021 relative aux contrats de partenariat, adoptée pour renforcer la transparence, améliorer le partage des risques et sécuriser les engagements contractuels. Ce texte encadre désormais les projets en PPP, qu’ils soient initiés par les autorités publiques ou proposés par des opérateurs privés.

Afin de mieux faire connaître ce cadre, le MEPC a organisé en octobre 2024 un atelier de formation à l’intention des autorités de contrôle et des institutions publiques. En 2025, l’effort se poursuit avec des sessions dédiées aux acteurs économiques, comme celle tenue à Dakar. « Ce type d’échange permet au gouvernement et au secteur privé de bâtir un cadre de dialogue régulier, transparent et inclusif », a insisté M. Fall.

L’ALSF, partenaire technique de long terme

La Facilité africaine de soutien juridique (ALSF) joue un rôle central dans cet accompagnement. Depuis plusieurs années, elle appuie le Sénégal à travers des actions de renforcement des capacités, d’assistance juridique et de montage de projets complexes. « Une collaboration exemplaire », selon Gorgui Fall, qui a salué son « appui constant et stratégique ».

En Afrique de l’Ouest, l’ALSF est souvent sollicitée pour aider les États à sécuriser leurs contrats dans des secteurs sensibles, notamment les mines, l’énergie ou les infrastructures. Son expertise contribue à limiter les déséquilibres contractuels entre États et grands groupes internationaux.

Vers un cadre plus favorable aux investisseurs locaux

À travers ces actions, le gouvernement veut surtout encourager les entreprises sénégalaises à prendre toute leur place dans les projets d’investissement. Car au-delà du volume d’argent à mobiliser, l’enjeu est aussi qualitatif : les PPP doivent favoriser un développement économique endogène, en créant de la valeur, des emplois et des externalités positives pour les populations.

Le Sénégal reste un des pays les plus dynamiques d’Afrique subsaharienne en matière de climat des affaires. Mais selon plusieurs rapports, l’intégration effective des PME dans les grands projets demeure un chantier ouvert. Les prochaines années seront décisives pour faire des PPP un outil à la fois de croissance, d’inclusion et de souveraineté économique.

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