Avec la relance de son programme Pass Africa, Bpifrance entend accélérer le développement des entreprises françaises tournées vers le continent africain. Une initiative stratégique dans un contexte de redéfinition des relations économiques entre la France et l’Afrique.
Et si les PME étaient les nouvelles ambassadrices du partenariat franco-africain ? C’est le pari que renouvelle Bpifrance à travers le lancement de la troisième édition du label Pass Africa, un dispositif destiné à accompagner les entreprises françaises dont les projets s’inscrivent dans une dynamique de croissance partagée avec l’Afrique.
Un label au service du codéveloppement
Conçu pour encourager les projets à fort potentiel économique et culturel entre la France et le continent africain, Pass Africa offre aux lauréats un accompagnement sur douze mois, incluant formations, coaching stratégique, orientation vers des dispositifs de financement et mise en réseau avec les partenaires publics et privés du programme.
Selon le communiqué de Bpifrance, l’objectif est clair : « accompagner et rendre lisibles les ambitions des entrepreneurs et les transformer en possibilités ». Au-delà du slogan, il s’agit d’un programme structurant, pensé comme un accélérateur ciblé pour des entreprises en phase de croissance, désireuses de s’implanter ou de se renforcer sur les marchés africains.
Des critères sélectifs pour un soutien adapté
L’appel à candidatures, ouvert jusqu’au 28 juillet 2025 à 9h (heure de Paris), s’adresse à des entreprises immatriculées en France, âgées de plus de trois ans, et réalisant un chiffre d’affaires compris entre 500 000 euros et 50 millions d’euros. Les structures visées doivent s’appuyer sur un modèle économique innovant ou à fort potentiel, présenter de préférence une première levée de fonds et disposer d’une équipe dirigeante expérimentée.
Autrement dit, le programme cible des entreprises déjà structurées, ayant la capacité de porter un projet ambitieux à l’international. Ce positionnement évite l’effet de saupoudrage et répond à une logique de retour sur accompagnement, tant en impact économique qu’en influence stratégique.
Une réponse aux nouveaux équilibres géoéconomiques
La relance de Pass Africa intervient dans un contexte où la France cherche à réinventer son positionnement économique en Afrique. La montée en puissance d’acteurs comme la Chine, la Turquie, l’Inde ou les pays du Golfe a considérablement transformé le paysage concurrentiel sur le continent. Face à cette recomposition, Bpifrance parie sur l’agilité des PME pour retisser des liens économiques plus équilibrés et plus lisibles.
Du côté institutionnel, l’initiative est saluée comme un levier de diplomatie économique. France Diplomatie Afrique présente le label comme « un outil destiné à mettre en avant les projets de croissance d’entreprise s’inscrivant en passerelle entre la France et le continent Africain ». Un positionnement qui reflète une volonté de s’appuyer davantage sur le secteur privé pour donner corps à un partenariat renouvelé.
Une méthode plus qu’un message
Le lancement officiel de la promotion 2025 est prévu pour le 23 septembre, lors de Bpifrance Inno Génération (BIG), l’un des plus grands rendez-vous économiques d’Europe. Mais l’enjeu dépasse le simple événement. Pass Africa est pensé comme un dispositif d’identification et de structuration des entreprises capables de bâtir des modèles économiques transcontinentaux, ancrés à la fois en France et en Afrique.
Encore faut-il que cet élan s’accompagne de réformes plus larges. Sans un écosystème propice – en matière de financement, de fiscalité, de cadre juridique et de facilitation des échanges – le programme risque de buter sur des limites structurelles. L’accompagnement, aussi qualitatif soit-il, ne saurait pallier à lui seul les blocages institutionnels ou les asymétries persistantes.
Pass Africa ne se contente pas d’ouvrir des portes. Il trace une voie. Celle d’une économie de la relation, fondée sur la réciprocité, la confiance et la création de valeur partagée. Dans le contexte actuel de rééquilibrage des partenariats internationaux, ce type d’initiative n’est pas anecdotique. Il est peut-être, justement, ce dont la France et l’Afrique ont besoin pour reconstruire un lien plus solide et durable.