Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, le 30 juin 2025, la conclusion de ses consultations annuelles avec la Guinée-Bissau, dans le cadre de l’article IV de ses Statuts, ainsi que la finalisation de la huitième revue du programme de la Facilité élargie de crédit (FEC). Ce programme, lancé en janvier 2023, vise à renforcer la stabilité économique du pays, en soutenant la gestion budgétaire, la bonne gouvernance, et en favorisant une croissance plus inclusive.
Cette étape importante permet le décaissement immédiat d’environ 6,5 millions de dollars, ce qui porte à près de 48,1 millions de dollars le total des fonds versés au titre de cet accord. Ces ressources sont essentielles pour aider la Guinée-Bissau à faire face à ses besoins financiers, notamment en équilibrant la balance des paiements et en soutenant son budget national.
Toutefois, le bilan de la mise en œuvre du programme est mitigé. Sur les neuf critères quantitatifs fixés pour la fin 2024, sept ont été atteints, de même que trois des quatre repères structurels. Parmi les points positifs, le pays a respecté ses engagements concernant les paiements du service de la dette, un élément crucial pour préserver sa crédibilité financière. En revanche, le repère structurel lié au comité des dépenses publiques (COTADO) n’a pas été respecté, soulignant certains défis dans le contrôle des dépenses.
Face à ces résultats partiels, le FMI a accordé des dérogations, prenant en compte les mesures correctives adoptées par les autorités bissau-guinéennes, telles que des réformes fiscales et budgétaires, témoignant ainsi de sa confiance dans leur capacité à poursuivre les efforts engagés.
Sur le plan macroéconomique, les perspectives restent encourageantes. La croissance devrait atteindre 5,1% en 2025, portée par un dynamisme soutenu des exportations et des investissements. Parallèlement, l’inflation devrait ralentir pour s’établir à 2%, reflétant un meilleur contrôle des pressions sur les prix. Le déficit courant, qui représente la différence entre les entrées et sorties de devises, devrait diminuer significativement, passant à 5,8% du produit intérieur brut (PIB), grâce notamment à une amélioration des termes de l’échange.
Pour garantir la viabilité de la dette publique, les autorités se sont engagées à réduire le déficit budgétaire à 3,4% du PIB en 2025. Cette politique vise à inscrire la dette sur une trajectoire descendante, condition indispensable pour assurer une stabilité économique durable.
Cependant, ces résultats positifs s’inscrivent dans un contexte fragile. Le FMI souligne notamment les risques liés à un environnement socio-politique instable, particulièrement en année électorale, ainsi que la forte dépendance du pays à la production de noix de cajou, principal produit d’exportation. Cette concentration économique rend la Guinée-Bissau vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux, ce qui souligne l’urgence de diversifier l’économie.
Dans ce cadre, le FMI encourage les autorités à poursuivre et intensifier les réformes, notamment dans la mobilisation des recettes fiscales, le contrôle rigoureux des dépenses publiques et la lutte contre la corruption. Des progrès ont été réalisés dans le secteur financier, avec notamment la décision de vendre une banque sous-capitalisée, mesure importante pour renforcer la résilience du système bancaire national.
Par ailleurs, le Fonds met l’accent sur la nécessité de renforcer les programmes sociaux afin de réduire la pauvreté et promouvoir une croissance inclusive. La diversification économique devrait s’appuyer sur le développement de secteurs prometteurs tels que la pêche, l’exploitation minière et l’agriculture traditionnelle, contribuant ainsi à réduire la vulnérabilité économique du pays.
En conclusion, tout en saluant les progrès accomplis, le FMI insiste sur la nécessité d’un engagement continu des autorités bissau-guinéennes pour maintenir une trajectoire économique stable et diversifiée. La prolongation du programme FEC jusqu’en juillet 2026 offre un cadre essentiel pour consolider ces efforts et accompagner la Guinée-Bissau dans ses défis futurs.