Londres et Nairobi renouvellent leur coopération stratégique, avec pour objectif de doubler leurs échanges commerciaux d’ici cinq ans et d’accélérer la transition vers une économie verte et numérique.
Le Kenya et le Royaume-Uni ont officialisé ce 1er juillet 2025 la reconduction de leur partenariat stratégique, amorcé en 2020. À l’issue d’un entretien entre le président William Ruto et le Premier ministre britannique Keir Starmer, tenu à Londres au 10 Downing Street, les deux pays ont réaffirmé leur volonté d’approfondir leur coopération dans les domaines du commerce, des technologies, de la défense et de la croissance durable.
Cette nouvelle phase du partenariat, qui succède au cadre 2020–2025, marque un tournant dans les relations économiques bilatérales. Le président Ruto a exprimé des ambitions claires : « Ce partenariat doublera le volume des échanges commerciaux entre le Kenya et le Royaume-Uni au cours des cinq prochaines années », a-t-il déclaré. Un objectif qui, s’il se concrétise, pourrait considérablement renforcer la position du Royaume-Uni comme partenaire commercial de premier plan pour le Kenya.
Renforcer les piliers d’une coopération économique moderne
Au-delà des volumes commerciaux, le renouvellement de l’accord vise à ancrer la coopération dans les secteurs d’avenir. Le numérique et la croissance verte figurent désormais parmi les priorités définies par les deux gouvernements. William Ruto a ainsi mis en avant le soutien attendu aux jeunes entreprises technologiques kényanes, en soulignant que le partenariat permettra « d’élargir et d’accélérer le financement de la croissance verte et de soutenir les start-ups dans l’espace numérique ».
Cette orientation illustre l’ambition de Nairobi de s’imposer comme un hub régional de l’innovation et des services numériques, en lien avec l’agenda « Silicon Savannah » porté par les autorités kényanes. Le Royaume-Uni, de son côté, entend jouer un rôle actif dans l’accompagnement de cette transition, en mobilisant ses instruments de financement et de coopération.
Un projet structurant : la ville ferroviaire de Nairobi
La ville ferroviaire de Nairobi s’annonce comme l’initiative emblématique du partenariat renouvelé. Présentée comme un catalyseur de la croissance urbaine, cette infrastructure est conçue pour transformer la mobilité dans la capitale et ses environs. « Ce sera transformateur ; cela améliorera la mobilité, stimulera la croissance et favorisera la prospérité dans la région métropolitaine de Nairobi », a déclaré William Ruto, soulignant que le cadre de financement du projet est en cours de finalisation. Le Kenya s’est d’ores et déjà engagé à assurer une part du financement via une contribution nationale.
Ce projet s’inscrit dans une logique d’aménagement territorial visant à désengorger la capitale, améliorer l’interconnexion régionale et faciliter les échanges logistiques. Il traduit également la volonté des deux États de s’attaquer aux défis urbains par des solutions durables et intégrées.
Sécurité et stabilité : des priorités partagées
La dimension sécuritaire du partenariat reste un axe central. Le président kényan a salué « la forte coopération entre nos deux pays en matière de paix, de sécurité et de défense régionales ». Un accord bilatéral de défense est déjà en vigueur, et les deux parties se sont engagées à le mettre pleinement en œuvre. « L’accord de coopération en matière de défense entre le Kenya et le Royaume-Uni a apporté des avantages considérables. Nous restons déterminés à le mettre en œuvre dans les meilleurs délais », a insisté Ruto.
Cette coopération se manifeste notamment par des formations conjointes, un appui à la lutte contre le terrorisme, et des interventions coordonnées en soutien à la stabilité régionale, dans un contexte marqué par la persistance de menaces transfrontalières en Afrique de l’Est.
Une alliance en phase avec les mutations géopolitiques
Ce renforcement du partenariat intervient dans un environnement international en recomposition. Le Royaume-Uni, depuis sa sortie de l’Union européenne, cherche à redéfinir ses relations économiques à l’échelle globale. Le Kenya, pour sa part, multiplie les alliances stratégiques afin d’attirer les investissements étrangers, diversifier ses marchés d’exportation et monter en gamme dans les chaînes de valeur.
Dans ce contexte, le renouvellement du partenariat stratégique Kenya–Royaume-Uni s’inscrit dans une logique gagnant-gagnant : il associe ambitions économiques, projets concrets, et coopération sécuritaire dans une même dynamique. Reste à voir si les engagements pris se traduiront, à l’horizon 2030, par des résultats tangibles en matière d’échanges, d’investissements et de transformation structurelle de l’économie kényane.
