Ghana : le FMI débloque 367 millions de dollars pour relancer une reprise économique sous condition

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Le Ghana vient de franchir une étape décisive dans son parcours économique post-crise. Le 7 juillet 2025, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a validé la quatrième revue de l’accord de Facilité élargie de crédit (FEC), déclenchant un nouveau décaissement immédiat de 367 millions de dollars. Ce montant porte à 2,3 milliards de dollars le total déjà versé au pays dans le cadre du programme triennal de 3 milliards lancé en mai 2023.

Des progrès salués, mais des failles persistantes

Le FMI souligne dans son communiqué des « progrès significatifs » sur plusieurs fronts. En 2024, la croissance a atteint 5,7%, bien au-dessus des prévisions, tirée par les performances du secteur minier, de l’agriculture, des TIC et de la construction. Le solde du compte courant est redevenu excédentaire (+1,1% du PIB), porté par la hausse des exportations d’or et de pétrole et l’augmentation des transferts de la diaspora. Le pays a également accumulé plus de 6,4 milliards de dollars de réserves internationales, soit l’équivalent de 2,6 mois d’importations, bien au-dessus de l’objectif initial.

Mais cette embellie ne doit pas masquer une réalité plus contrastée. Le dernier trimestre 2024 a été marqué par un net relâchement budgétaire, à la veille des élections générales. Le déficit global est remonté à 7,3% du PIB, et l’inflation a persisté à des niveaux élevés, autour de 23,8% en fin d’année. Plusieurs réformes ont été retardées, notamment dans les secteurs budgétaire, énergétique et financier.

Une nouvelle administration sous pression

Le retour à l’orthodoxie budgétaire a été confié à la nouvelle administration, issue des urnes fin 2024. Celle-ci a réagi avec fermeté, en adoptant un budget 2025 jugé crédible par le FMI, visant un excédent primaire de 1,5% du PIB. Pour y parvenir, le gouvernement s’appuie sur une mobilisation accrue des recettes, la rationalisation des dépenses, tout en préservant les programmes sociaux.

Parallèlement, la Banque du Ghana poursuit une politique monétaire restrictive (taux directeur à 27% fin 2024), qui a permis de faire retomber l’inflation à 13,7% en juin 2025, selon les dernières données disponibles. Elle s’efforce aussi de stabiliser le système bancaire, en renforçant la surveillance des établissements fragiles et en soutenant leur recapitalisation.

Le défi de la restructuration de la dette

Autre chantier central : la restructuration de la dette publique. Le Ghana a conclu un protocole d’accord avec ses créanciers bilatéraux dans le cadre du Cadre commun du G20, et poursuit des négociations avec les détenteurs de dette commerciale. Cette dynamique a permis une amélioration de la note de crédit du pays par plusieurs agences internationales.

Le stock de dette publique, qui atteignait près de 80% du PIB en 2023, devrait progressivement retomber à 66% en 2025, puis à 51,9% en 2030, selon les prévisions du FMI. Une baisse rendue possible par les reports de paiement, la croissance retrouvée et les excédents budgétaires primaires projetés.

Des réformes structurelles pour libérer le potentiel

Mais au-delà des équilibres macroéconomiques, le véritable pari du Ghana reste celui de la transformation structurelle. Le FMI insiste sur la nécessité d’« un environnement plus propice à l’investissement privé », d’une meilleure gouvernance, et de réformes profondes dans les secteurs énergétique et du cacao, deux sources récurrentes de déficits et d’arriérés.

La réforme des entreprises publiques, l’amélioration de la gestion fiscale et le développement de filets sociaux efficaces sont également jugés essentiels pour soutenir une croissance durable et inclusive. Le FMI appelle notamment à « s’attaquer de manière décisive aux arriérés dans le secteur de l’énergie » et à améliorer les performances des banques publiques.

Une reprise encore fragile

En somme, si le nouveau décaissement du FMI reflète la confiance renouvelée des bailleurs envers le Ghana, il n’est en rien un chèque en blanc. Il s’agit plutôt d’un encouragement à poursuivre les efforts de stabilisation, de discipline budgétaire et de réformes. Car si les projections sont encourageantes — avec une croissance attendue autour de 4% en 2025 — les défis restent nombreux : inflation toujours élevée, dette à surveiller, pauvreté persistante et besoin urgent de créer des emplois durables pour une jeunesse en quête d’avenir.

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