Agro : Aliko Dangote annonce 3 milliards de dollars pour faire de l’Éthiopie un géant des engrais en Afrique de l’Est

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Agro : Aliko Dangote annonce 3 milliards de dollars pour faire de l’Éthiopie un géant des engrais en Afrique de l’Est
Agro : Aliko Dangote annonce 3 milliards de dollars pour faire de l’Éthiopie un géant des engrais en Afrique de l’Est

En injectant 3 milliards de dollars dans la construction d’une usine d’engrais en Éthiopie, Aliko Dangote signe l’un des investissements privés les plus ambitieux du continent dans le secteur agricole. L’annonce, faite le mardi 8 juillet sur sa page LinkedIn, marque une nouvelle étape dans la stratégie industrielle du magnat nigérian, déjà bien implanté dans le pays via Dangote Cement. La future usine sera construite à Gode, dans la région Somali, à l’est du pays, une zone jusqu’ici peu développée, mais située sur l’axe stratégique reliant Addis-Abeba au port de Djibouti.

Ce projet industriel, présenté comme un « engagement fort en faveur de l’autosuffisance agricole de l’Éthiopie », intervient dans un contexte de forte vulnérabilité du pays face aux chocs extérieurs. L’Éthiopie importe l’essentiel de ses engrais, notamment du Maroc et de la Russie, deux fournisseurs dont les livraisons ont été perturbées ces dernières années par la pandémie, la guerre en Ukraine, et les tensions logistiques globales. Pour un pays qui dépend fortement de l’agriculture — plus de 70% des emplois — la sécurisation des intrants devient une urgence stratégique.

La nouvelle usine produira de l’urée et d’autres engrais azotés destinés en priorité au marché éthiopien. Le choix de Gode comme site d’implantation répond à une logique logistique : la proximité avec Djibouti, principal débouché maritime du pays, facilitera les importations de matières premières et l’exportation de surplus vers les pays voisins. Pour les autorités éthiopiennes, le projet s’inscrit dans la dynamique du programme Homegrown Economic Reform II (HGER II), qui mise sur l’industrialisation et les investissements privés pour transformer la structure économique nationale.

Aliko Dangote ne fait pas mystère de son ambition de répliquer le modèle nigérian. En 2022, il a inauguré à Lekki, au Nigeria, la plus grande usine d’urée d’Afrique, avec une capacité de 3 millions de tonnes par an. En moins de deux ans, cette usine est devenue un acteur régional majeur, exportant vers plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest mais aussi vers des marchés plus lointains comme le Brésil ou l’Inde. Le projet éthiopien suit cette même logique : produire localement, répondre à la demande régionale, substituer les importations et ancrer la valeur ajoutée sur le continent.

L’initiative s’inscrit aussi dans une vision plus large défendue de longue date par l’homme d’affaires : bâtir une souveraineté économique africaine, en particulier dans les secteurs vitaux. « L’Afrique doit nourrir l’Afrique », martèle régulièrement Dangote, dont les engagements dans l’agro-industrie s’accompagnent d’un discours constant en faveur de la sécurité alimentaire et de la transformation locale. Avec cet investissement, la région Somali, longtemps marginalisée, pourrait devenir un nouveau pôle industriel éthiopien. Si les promesses sont tenues, le projet aura des retombées multiples : réduction de la facture d’importation, amélioration des rendements agricoles, création d’emplois et renforcement de la résilience économique du pays. Dans une Afrique où la dépendance aux marchés extérieurs reste une vulnérabilité majeure, l’initiative du groupe Dangote prend des allures de signal stratégique. Et pourrait bien repositionner l’Éthiopie comme acteur clé de l’industrie des engrais en Afrique de l’Est.

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