Côte d’Ivoire : L’or qui transforme le paysage — chronologie, enjeux, et réalités

La Côte d’Ivoire brille. Mais pas seulement au sens figuré.

Depuis 2022, une série d’annonces a placé le pays au centre des grandes découvertes aurifères d’Afrique de l’Ouest. Ces révélations ne sont pas de simples rumeurs. Elles reposent sur des ressources chiffrées, des études et des programmes de forage.

La chronologie — faits saillants (2022-2025)

Novembre 2022 — Tanda-Iguéla (Endeavour Mining)
Endeavour révèle en novembre 2022 une découverte majeure : une ressource « maiden » de 1,1 Moz indiquée et 1,9 Moz inférée sur le périmètre Tanda-Iguéla. Le message : un nouveau front d’exploration capable de devenir un actif stratégique.

Mai–Juillet 2024 — Koné (Montage Gold)
Montage Gold annonce le projet Koné, rapidement qualifié de « projet de classe mondiale » par ses promoteurs. Les rapports techniques et les permis vont bon train ; le projet affiche des millions d’onces dans ses estimations et des études de faisabilité avancées. En 2024-2025, Koné obtient des autorisations et voit ses ressources mises à jour, consolidant son statut de futur grand producteur ivoirien.

2024–2025 — Multiplication des confirmations et forages
Sur plusieurs fronts, les campagnes de forage confirment des corridors minéralisés étendus. Les entreprises poursuivent des programmes profonds visant non seulement la ressource de surface, mais aussi des shoots souterrains à forte teneur.

Juin 2025 — Doropo (Resolute Mining)
Resolute annonce en juin 2025 une découverte majeure à Doropo, estimée à plus de 100 tonnes d’or (ordre de grandeur « classe mondiale » selon les communiqués officiels). Le projet attire des engagements d’investissement et un calendrier de construction associé.

30 octobre 2025 — Sunbird (Fortuna Mining, Séguéla)
Fortuna publie des résultats d’exploration impressionnants : par exemple, une intersection à haute teneur de 7,3 g/t sur 16,1 m au Sunbird, avec plusieurs trous sondés et la définition d’un second shoot souterrain — signe que la mine Séguéla pourrait voir son profil opérationnel évoluer vers plus de production souterraine à haute valeur.

Ce que ces découvertes signifient concrètement

1) Capacité d’attirer des capitaux

Des sociétés canadiennes, australiennes et autres redirigent des fonds vers la Côte d’Ivoire. Les chiffres d’investissement annoncés (centaines de millions de dollars) montrent que le pays devient une alternative stable par rapport à des juridictions voisines plus instables.

2) Diversification économique potentielle

L’or peut réduire la dépendance au cacao et aux matières premières agricoles. Mais la transformation économique nécessite politiques publiques : formation, infrastructures, fiscalité claire, et règles pour favoriser les entreprises locales.

3) Un saut technologique et logistique

Passer d’un orpaillage artisanal à des mines industrielles (surface et souterraines) exige routes, énergie, eau et compétences techniques. Les phases de construction sont longues et lourdes. Les annonces riches en onces n’équivalent pas à une production immédiate.

4) Risques environnementaux et sociaux

Pollution des eaux, gestion des résidus, pression sur les terres et les communautés rurales. Sans cadre de gouvernance solide, les retombées peuvent être inégalement réparties. Le risque d’« orpaillage informel » persiste et produit des tensions qu’il faudra apaiser par des politiques d’inclusion.

À surveiller — trois indicateurs clés

1.   Conversion ressources → réserves : une ressource n’est exploitée que quand elle devient une réserve économiquement récupérable après PEA/Études de faisabilité.

2.   Permis et calendrier de construction : obtention des permis, calendrier de construction (T0 = début du chantier), et dates de ramp-up.

3.   Plans de retombées locales : programmes d’emploi, sous-traitance locale, suivi environnemental indépendant.

Conclusion — un pari maîtrisable si…

La Côte d’Ivoire tient entre les mains une opportunité stratégique. Les découvertes depuis 2022 forment une séquence d’événements robustes, confirmés par des communiqués d’entreprises et des mises à jour techniques.

Mais pour que l’or ne soit pas simplement une manne volatile pour les seules multinationales, il faut des décisions publiques fortes. Transparence. Redistribution. Formation. Fiscalité intelligente. Contrôle environnemental. Sans cela, l’or peut briller mais laisser des cicatrices.