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  • 18/09/2025

Sénégal : Les sukuk, nouvel atout pour restaurer la confiance financière

Confronté à une dette cachée et à des taux d’emprunt prohibitifs, le Sénégal se tourne vers la finance islamique. Dakar prépare une émission locale de sukuk de 100 milliards FCFA d’ici fin 2025 et un emprunt international de 500 millions de dollars en 2026, dans l’espoir de restaurer sa crédibilité et de rassurer le FMI.

 

Pourquoi les sukuk intéressent Dakar

 

Le Sénégal prévoit d’émettre d’ici la fin 2025 un sukuk local de 100 milliards FCFA (environ 180 millions de dollars). Une deuxième opération, cette fois internationale et d’un montant de 500 millions de dollars, est envisagée pour 2026.

 

Un sukuk est une obligation islamique. Contrairement aux emprunts classiques qui reposent sur le paiement d’intérêts, interdit en droit islamique, les sukuk sont adossés à des actifs tangibles (immobilier, infrastructures, projets). L’investisseur ne touche pas des intérêts, mais une part des revenus générés par l’actif. Cet outil financier, très utilisé au Moyen-Orient et en Asie, attire aussi de plus en plus de pays africains à majorité musulmane, comme le Sénégal.

 

Un recours dicté par les taux trop élevés

 

Le pays n’a guère le choix. Ses obligations internationales à échéance 2033 se négocient aujourd’hui à plus de 12% d’intérêt. En clair, emprunter sur les marchés classiques coûte beaucoup trop cher à l’État. D’où l’intérêt d’explorer d’autres solutions, comme les sukuk, qui peuvent bénéficier de garanties multilatérales et rassurer les investisseurs.

 

Une dette cachée qui pèse lourd

 

Ce virage intervient alors que Dakar tente de redresser ses finances publiques. Le nouveau gouvernement a découvert une dette non déclarée par l’ancienne administration, estimée à plus de 11 milliards de dollars. Cette situation a poussé le Fonds monétaire international (FMI) à suspendre, en octobre 2024, son programme de prêt de 1,8 milliard de dollars.

 

Depuis, les autorités sénégalaises ont présenté un plan de relance économique ambitieux. Le 1er août, elles ont promis de financer 90% de ce plan par des ressources domestiques et de limiter au maximum tout nouvel endettement. Après une mission à Dakar fin août, le FMI a confirmé avoir constaté la volonté du pays de renouer avec un accord.

 

Un marché intérieur dynamique

 

Parallèlement, le Sénégal continue d’animer son marché local de la dette. Une nouvelle émission de 300 milliards FCFA est prévue ce jeudi, après deux opérations en avril et en juillet, toutes deux sursouscrites selon le ministère des Finances. Ces résultats témoignent de l’appétit du marché domestique, mais aussi de la nécessité pour Dakar d’innover et de diversifier ses instruments.

 

Une stratégie entre nécessité et innovation

 

Avec ces émissions de sukuk, le Sénégal cherche non seulement à lever des fonds, mais aussi à envoyer un signal politique et économique. Si ces opérations réussissent, elles renforceront la crédibilité du pays auprès du FMI et des investisseurs. En cas d’échec, Dakar risquerait au contraire de voir s’accentuer sa dépendance aux financements d’urgence et aux bailleurs internationaux.

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