Le gouvernement camerounais va engager l’assainissement du secteur bancaire afin d’améliorer sa participation au tissu économique. Ce plan s’insère dans le cadre des recommandations du FMI pour la réforme des secteurs clés dans le pays.
L’information a été confirmée par Gilbert Didier Edoa, secrétaire général du ministère des Finances à la faveur d’un entretien accordé à nos confrères de l’Agence Ecofin. «Le gouvernement camerounais travaille effectivement dans le cadre de ce plan (programme économique du FMI, NDLR), à améliorer le cadre des activités bancaires, afin de permettre à ce secteur de participer pleinement à la relance de notre économie», a révélé Gilbert Edoa. Ce dernier n’a donné aucun détail sur la démarche du gouvernement . L’initiative coïncide avec le lancement du programme économique conclu avec le Fonds monétaire international (FMI).
Selon l’Agence Ecofin,cinq banques au moins -dont trois commerciales- se trouveraient dans le collimateur de l’Etat camerounais. Il s’agit notamment de la Commercial Bank of Cameroon et de la Banque des petites et moyennes entreprises,.
Une vulnérabilité persistante et des impayés en progression
Aujourd’hui, les prêts non remboursés constituent l’un des défis majeurs auxquels les banques camerounaises sont confrontées. Culminant à 11,5% en 2015, les créances douteuses ont enregistré une progression à 14,7% à la fin de l’année 2016. Au rang des clients défaillants, l’Etat et les entreprises étatiques qui doivent déjà quelque 30 milliards de francs CFA à leurs créanciers. Une situation qui rajoute à l’inquiétude des banques, de moins en moins enclines à prêter aux demandeurs de crédit.
Outre les crédits en souffrance, le secteur bancaire est également en situation de fragilité, malgré sa résilience vis-à-vis de la crise de la balance des paiements dont sont aujourd’hui victimes les pays d’Afrique centrale. Pour preuve, les investissements effectués sur les titres publics des pays de la zone CEMAC représentent 16% des actifs de ces derniers. Une situation qui exposerait les banques à un défaut souverain, et dévoile egalement leur vulnérabilité.
Un Plan d’assainissement de 400 milliards de Fcfa
Le plan d’assainissement du secteur bancaire coûtera environ 400 milliards de francs CFA à l’Etat camerounais . L’Agence Ecofin croit savoir que le plan est déjà prêt et sera incessamment soumis à la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) d’ici à la fin août 2017. Celui-ci prévoit notamment une recapitalisation des activités des banques par leurs actionnaires, une option sans doute compliquée pour les privées et plus probable pour les banques publiques. Cette opération de recapitalisation difficile à concevoir pour les actionnaires devrait prendre en compte l’absorption des créances douteuses. Ce qui explique le coût exorbitant du plan.
Cependant, le mécanisme de financement de ce plan d’assainissement n’a pas encore été précisé, du moins officiellement . Le gouvernement pourrait en effet pencher pour une opération sur le marché des titres obligataires d’une longue maturité. Un scénario qui permettrait au Trésor public de résorber les emprunts douteux des banques en difficultés avec les produits des émissions obligataires.
Avec la tribune