BRVM : Kouao Brice Arnaud, fondateur de l’École de la Bourse : « Il y a 150 000 investisseurs en Bourse dans toute l’Uemoa alors que cet espace compte plus de 100 millions d’habitants » 

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Koua Brice Arnaud, fondateur de l’École de la Bourse

Kouao Brice Arnaud, comptable de profession, est également fondateur de l’entreprise « L’école de la Bourse ». Cette école est un centre d’éducation financière, qui a pour mission de rendre l’investissement en bourse facile et accessible à tous. Dans cette interview, il explique la bourse et ses contours. 

Qu’est-ce que la bourse ? Pouvez-vous nous en donner une définition ? 

La Bourse est un marché qui est structuré pour permettre aux entités qui ont besoin de financements en l’occurrence les entreprises et les États de venir lever auprès des investisseurs. Les investisseurs, ce sont les entreprises, les États et aussi les citoyens, les personnes. En Bourse, les entreprises émettent des titres, actions et obligations, les États eux émettent des obligations pour obtenir des capitaux pour financer leurs projets et les autres souscrivent à ces capitaux en vue de faire fructifier leur argent.   

Comment êtes-vous arrivés à la bourse ? Et qu’est-ce que cela vous a apporté ?  

C’est une passion personnelle. J’ai commencé à y investir en 2011. J’étais à l’époque salarié-entrepreneur et je le suis toujours. Donc depuis 3 ans, j’exerce les trois activités, la bourse. L’entrepreneuriat est arrivé en 2007. J’ai eu mon travail en 2009. La Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm) me permet de financer les études de mes enfants.

Quels sont les missions et les objectifs de l’école de la bourse que vous avez fondée ?

Jusqu’en fin 2019, l’École de la bourse avait une seule mission, rendre l’investissement en bourse facile et accessible à tous. Depuis 2020, surtout 2021 et 2022, nous avons élargi notre mission. Donc on veut apporter la santé financière aux populations par une meilleure compréhension de l’argent. On fait toujours les cours sur l’investissement en bourse, mais on a complété avec de nouveaux cours, dont celui sur la gestion d’un salaire. Nous l’avons intitulé : comment gérer ses revenus, identifier et traiter les foyers de gaspillage. Il y a aussi le cours sur le foncier, pour apprendre la manière dont acheter un terrain sans se faire arnaquer. Nous dispensons également le cours sur l’entrepreneuriat pour les salariés, pour leur apprendre à entreprendre tout en conservant leur emploi. Enfin, nous avons une formation sur la cryptomonnaie. Savoir comment investir dans la cryptomonnaie sans se faire arnaquer. Avec ces 5 thématiques en 2022, nous avons élargi notre champ de missions. Cela dans l’optique de faire plus pour aider nos membres à avoir une meilleure santé financière. Pour rappel, l’École de la Bourse a été fondée le 9 novembre 2015.  

À ce jour, combien de personnes ont-elles été formées à l’école de la Bourse ? 

Entre 2016 et 2021, plus de 2200 personnes dont plus de 2000 sur la thématique de la BRVM.

Les Ivoiriens ont-ils de plus en plus la culture boursière ? Investissent-ils de plus en plus en bourse ? 

« la bourse n’est vraiment pas dans la culture des Ivoiriens »

Le phénomène est encore très marginal. Jusqu’en fin 2019, je vais vous donner des chiffres, il y a 150 000 investisseurs en Bourse dans toute l’Uemoa, pour un espace qui compte plus de 100 millions d’habitants. Je n’ai pas les chiffres de la Cote d’Ivoire, mais sur une pratique de 0,15 % de la population, donc on ne peut dire que les Ivoiriens ont de plus en plus, une culture boursière. C’est vraiment notre rôle de vulgariser cette culture boursière. Si vous posez la question dans le sens de notre évolution, je dirai oui. Puisqu’au début pour la première année, on a formé 200 personnes. Pour cette année 2022, on devrait être autour de 1200. Quand on multiplie par 6, en 6 ans, ça veut dire qu’il y a de la demande. Mais former 1200 personnes sur plus de 100 millions, vous voyez qu’il y a encore beaucoup de marge de manœuvre. Il y a une progression, mais la bourse n’est vraiment pas dans la culture des Ivoiriens. 

Quelles sont les aptitudes à avoir pour pouvoir réussir en bourse ?

Être analytique, c’est-à-dire savoir analyser des données pour prendre des décisions. Être maître de ses émotions, c’est-à-dire ne pas réagir aux fluctuations du marché. Il faudrait être un visionnaire pour conserver ces titres pendant plusieurs années, afin de mieux profiter des hausses du marché.

Un citoyen lambda qui veut investir en bourse, comment doit-il s’y prendre ?

Se former et ouvrir un compte titre auprès d’un intermédiaire agréé (SGI).

Quels sont les avantages à investir en bourse ? 

La bourse a de nombreux avantages. Si je le prends sous l’angle de la rentabilité, elle dégage une rentabilité supérieure à la rentabilité des placements traditionnels que sont la banque et l’assurance. Si vous déposez la même somme en bourse, qu’en banque, vous pouvez avoir trois fois plus en bourse. À titre d’exemple, j’ai des actions Ecobank Côte d’Ivoire que j’ai achetées à 4000 F CFA l’unité à l’introduction en bourse. Ecobank versera un dividende par action de 420 F en 2022. Cela correspond à un rendement de 10,5 %. Pour rappel le rendement d’un compte d’épargne classique est à 3,5 %. Ainsi, je gagne trois fois plus en investissant à Ecobank CI plutôt qu’en épargnant dans cette banque. Si j’avais déposé cette même somme dans les livres d’Ecobank en tant que client, j’aurais eu 3,5 %. Je suis passé de 3,5 % à 10,5 %, juste parce que j’ai investi dans Ecobank et non épargné. Cette meilleure rentabilité que nous avons en bourse permet de faire d’autres choses. Comme financer, par exemple, les études des enfants ou financer la retraite. La Bourse peut permettre d’avoir ce type de résultats. Un autre avantage est la croissance du capital. Lorsque vous investissez dans un support traditionnel, le capital ne progresse pas, il génère des intérêts, il ne change pas. En bourse, en plus des rendements avec les dividendes, le capital engagé peut progresser, je parle des actions. Si vous achetez des actions, le capital engagé peut progresser, concernant les obligations, notre capital est stable. Lorsque je reprends le cas d’Ecobank, l’action qui coûtait 4000 F CFA, il y a quelques années, coûte maintenant 5000 F. Le capital engagé a augmenté de 25 % et le rendement est 10,5 %. Alors que la même quantité d’argent en banque serait restée stable et aurait généré 3,5 %. Il y a beaucoup d’autres exemples où le capital double ou triple. 

Y a-t-il des inconvénients ?

Je ne sais pas si je dois parler d’inconvénients, mais ce sont des éléments induits à l’activité elle-même. Si quelque chose peut monter, c’est qu’également elle peut baisser. Nous avons les fluctuations en bourse, les hausses et les baisses donc il faut pouvoir y faire face mentalement et être calme et serein. Un autre inconvénient est que sur un compte épargne classique, tu te rends à la banque et tu retires ton argent aussi simplement que tu es allé le déposer. En bourse, tu feras une demande de virement depuis ton compte titre vers ton compte courant. Et cette opération peut aller jusqu’à trois jours. Et c’est à partir de ton compte courant que tu pourras retirer ton argent. Donc, il y a un décalage de jours lorsqu’on veut retirer des fonds entre la bourse et la Banque. Pour certaines personnes, cela peut constituer un inconvénient. Mais on ne met pas de l’argent, dont on peut avoir besoin urgemment en bourse, à cause de ces décalages de quelques jours. 

Ethan Kouadio

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