» Le taux de bancarisation stagne aujourd’hui à 20 %.  » M. Jérôme EHUI, Directeur Général de Versus Bank et Président de l’APBEF-CI

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M. Jérôme EHUI est l'actuel Directeur général de VERSUS BANK et Président de l'Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers de Côte d'Ivoire (APBEFCI)

VERSUS BANK a effectivement démarré ses activités en 2004. En 18 années d’existence au service de l’économie ivoirienne, quelles sont les grandes orientations qu’elle a connues dans son fonctionnement ?

Notre banque a été créée en 2003 afin de venir en soutien à l’économie ivoirienne en accompagnant nos entreprises nationales. La banque a démarré ses activités en 2004. En août 2006, elle est mise sous administration provisoire, puis en décembre 2008, elle est reprise par l’Etat de Côte d’Ivoire.

Depuis qu’elle est passée sous tutelle de l’Etat de Côte d’Ivoire, la banque connaît une dynamique nouvelle. En 2011, elle se positionne comme un partenaire incontournable des PME/PMI. Ces actions en faveur de ces entreprises lui valent de remporter le prix de la banque la plus innovante et celui de la meilleure banque, respectivement en 2017 et 2019.

En juin 2018, la banque ouvre un nouveau chapitre de son histoire avec l’entrée d’un nouvel actionnaire. « La Caisse Générale de Retraite des Agents de l’Etat » CGRAE, faisant ainsi passer son capital de 3 à 10 milliards de FCFA. En 2020, en dépit du contexte de crise sanitaire, la banque a réalisé un résultat historique de 3 milliards de FCFA et 3 Milliards 500 Millions en 2021.

Quel est votre positionnement actuel sur la place financière ivoirienne et comment comptez-vous la renforcer ? La dynamique de transformation amorcée en 2020, a -t-elle commencé à porter ses fruits ? Quels sont les grands axes de cette transformation ?

La place financière ivoirienne est fortement concurrentielle, mais notre banque a su faire preuve d’agilité et user de son expertise pour s’imposer comme le leader du financement des PME/PMI. Ces entreprises, qui représentent plus de 80% du tissu économique ivoirien, font face à des problèmes d’accès au financement. Il fallait trouver la bonne formule pour satisfaire les attentes de ces entreprises qui contribuent au rayonnement de l’économie locale. Nous avons adopté une stratégie singulière en nous adaptant à nos cibles pour comprendre leurs besoins et leur apporter l’accompagnement adéquat afin d’en faire des champions nationaux.

Notre dynamique de transformation se poursuit. Les orientations stratégiques que nous avons définies sont aujourd’hui manifestes au travers des actions que nous menons. En effet, la banque a considérablement renforcé sa proximité avec la clientèle des particuliers. 

Cette volonté s’est matérialisée par la mise à disposition de solutions digitales permettant à nos clients d’accéder à leur banque 24 Heures sur 24 et 7 jours sur 7 et nous nous sommes également engagés dans un plan d’extension maîtrisé de notre réseau d’agences. Dans ce cadre, nous prévoyons l’ouverture de deux nouvelles agences dotées d’espaces digitaux de pointe dans les communes de Cocody Angré et Yopougon après celle d’Abatta inaugurée en 2021.  

Pour appuyer cette politique d’extension, nous continuerons à développer des outils digitaux facilitant la fourniture de services financiers aux populations sur l’ensemble du territoire ivoirien et à diversifier notre portefeuille de produits et services pour répondre aux besoins de nos clients.

Dans cette dynamique, nous venons de procéder au lancement de nos cartes VISA et d’autres offres sont en cours d’élaboration.

Ces actions ont permis à la banque de réaliser des performances historiques marquées par l’accroissement de son PNB et de son total Bilan qui est passé de 96 milliards à 127 Milliards F CFA en 2020, la faisant passer du statut de banque de petite taille à celui de banque de taille intermédiaire. En 2021, la banque continue sur cette lancée en affichant un total bilan de 156 Milliards de Francs CFA.

C’est l’occasion d’adresser mes vifs remerciements à mon comité de direction et à l’ensemble des collaborateurs de VERSUS BANK pour leur engagement sans faille au quotidien.

La 5ème édition de la FINANCE S’ENGAGE, s’est tenue autour du thème » Innover dans le financement des PME pour accélérer la relance post Covid-19 « , Pourquoi un tel thème ? Et quelles sont les innovations apportées par Versus Bank qui s’est positionnée officiellement dès 2012, comme la banque partenaire des PME / PMI ?

La 5ème édition de la FINANCE S’ENGAGE s’est tenue dans un contexte assez particulier. Le monde sortait progressivement d’une crise sanitaire qui a affecté de diverses manières les différents secteurs d’activités de notre économie. Les entreprises ont subi de plein fouet les conséquences de la pandémie Covid-19. Elles ont dû innover pour s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation et aux restrictions imposées, suite à la pandémie.  Le patronat ivoirien a donc décidé de mobiliser les entreprises et les financiers autour de cette question essentielle, afin de partager les expériences, de réfléchir aux voies et moyens d’accompagner la croissance des PME. 

VERSUS BANK, depuis 2 ans, s’est engagée dans un processus de transformation qui couvre toutes nos activités afin de mieux servir notre clientèle. Nous nous sommes tournés vers le digital et nous avons entrepris des réformes structurelles qui nous ont aidé à obtenir des résultats satisfaisants. Durant la pandémie, nous avons adopté une stratégie de gestion de portefeuille qui s’est avérée efficace. La banque a très tôt identifié les clients susceptibles d’être impactés par le Covid-19. Suite à cette analyse prospective, des financements sur mesure ont été mis en place pour les soutenir et les aider à pérenniser leurs activités. Cette crise de la COVID a démontré notre capacité de résilience et d’innovation pour tirer le meilleur parti de cette situation et mieux accompagner notre clientèle dont celle des PME/PMI qui demeure au cœur de notre stratégie.  VERSUS BANK demeure donc le leader en matière de financement des PME/PMI en Côte d’Ivoire et nous entendons diversifier les secteurs d’activité à financer pour renforcer notre soutien à l’économie ivoirienne.

De manière plus générale, à fin Décembre 2021 le total bilan des banques de la place a franchi le seuil symbolique de 18 000 milliards de FCFA. Et ce, malgré la crise à Covid-19. Les banques semblent ne pas connaître la crise, comment sont-elles arrivées à réaliser cet exploit ?

Les banques ivoiriennes, certes, ont fait montre d’une capacité de résilience incontestable. Mais il est indéniable que la pandémie a provoqué un ralentissement de l’activité économique en général et de l’activité bancaire, en particulier. Prises individuellement, de nombreuses banques ont noté une chute de la production de crédit ainsi qu’une hausse des impayés. Malgré ces contraintes, les banques se sont promptement réinventées pour continuer à financer l’économie notamment grâce à l’appui du gouvernement et de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui ont joué un rôle capital dans la gestion de cette crise de la COVID 19.

En effet, dès le déclenchement de cette crise, la BCEAO, la commission bancaire et le gouvernement ivoirien ont pris des mesures de riposte pour soutenir l’activité bancaire et atténuer les conséquences sur l’économie. Ces mesures se sont articulées autour de la couverture des besoins de liquidité des banques sur les guichets de refinancement à un taux réduit, l’allègement de l’exigence prudentielle sur le délai de reclassement des créances et la mise en place de fonds de soutien aux entreprises.  Grâce à la conjugaison des efforts de toutes ces parties prenantes, cette crise sanitaire s’est révélée être une source d’opportunités pour les banques de la zone UEMOA ainsi qu’un levier de transformation de leurs organisations notamment par l’accélération du processus de digitalisation des opérations bancaires afin de satisfaire aux besoins des populations, en tout temps et en tout lieu.  

La digitalisation de vos services a-t-elle été pour quelque chose ? De manière plus particulière, comment VERSUS BANK organise-t-elle son plan de digitalisation ?

Le digital a fait évidemment la différence, lors de la crise sanitaire. La modernisation des services bancaires et l’innovation constituent aujourd’hui un impératif pour les banques. De nos jours, face à l’incertitude sanitaire, aux mutations technologiques et à l’évolution des habitudes de consommation, il est évident qu’il faut innover pour continuer d’exister.

Dans le cadre de notre plan de digitalisation, nous avons créé un département Banque Digitale et Produits Supports pour nous mettre au niveau du marché et apporter des solutions innovantes à nos différents segments de clientèle.

Ce plan de transformation digital amorcé depuis 2020 se concrétise déjà par le lancement de notre application bancaire mobile dénommée Versus Mobile qui permet à nos clients de bénéficier des services financiers 24 Heures sur 24 et 7 jours sur 7.



« Le taux de bancarisation stagne aujourd’hui à 20 %. »

La question de l’inclusion financière et du taux de bancarisation reste d’actualité, comment l’adressez-vous au sein de l’APBEF-CI et singulièrement au niveau de VERSUS BANK ? 

Notre pays affiche ses ambitions et trace année après année sa voie vers l’émergence. Pour soutenir cette ambition, il est impératif de permettre à notre pays de parvenir à une plus forte inclusion financière. L’accès des services bancaires au plus grande nombre est une nécessité et une priorité pour l’APBEF-CI. Le taux de bancarisation stagne aujourd’hui à 20 %. Nous sommes conscients des défis que cela implique, mais notre association est résolument engagée à mettre tout en œuvre pour accroître considérablement ce faible taux de bancarisation.

Pour ce qui est de VERSUS BANK, en tant qu’entreprise citoyenne et publique, elle joue sa part, en s’ouvrant à la clientèle des particuliers et leur permettant de bénéficier des services financiers par l’élaboration et la mise sur le marché de produits incitatifs.

Le taux de bancarisation dans notre pays qui stagne à 20 % est un indicateur de la forte dominance du secteur informel malgré les initiatives prises ces dernières années pour réduire le fossé entre les banques et les populations.

Les banques ivoiriennes sont déterminées à relever ce défi de la bancarisation en mettant en accent particulier sur le digital et la simplification du processus d’octroi de prêt dans le respect des limites fixées par le régulateur.

On taxe à tort ou à raison, nos banques de ne pas prendre beaucoup de risques. Etes-vous de cet avis ? Que fait Versus Bank à ce niveau en termes de crédit à long terme ?

Merci pour cette question qui me permettra de mettre l’accent sur des points essentiels de notre activité de banquier.

Il faut rappeler que la banque c’est un métier de gestion de risques couplée à une mission de soutien de l’économie. Cette activité est fortement règlementée par les régulateurs de la place à savoir la BCEAO et le ministère de l’Economie et des Finances.  Cela nous oblige à prendre les précautions nécessaires dans la conduite de nos activités. 

D’abord, il est important de savoir que le crédit est un engagement qu’on prend vis-à-vis d’une institution financière et qu’il faut tenir cet engagement à terme. Cela ne fait pas seulement appel à la capacité de remboursement du crédit, mais aussi et surtout à la morale, à la bonne foi. Et c’est cela le plus important. La volonté de remboursement d’un crédit ne se mesure pas. Elle se constate. Un bon historique permet d’accroître la confiance entre le client et son banquier et contribue à pérenniser la relation d’affaires et à la rendre moins onéreuse pour le client. Le profil emprunteur s’en trouve alors amélioré.

En seconde position, il est important d’être transparent avec le banquier afin qu’il vous conseille le produit bancaire le plus approprié. Le banquier, c’est comme le médecin ou l’avocat. Mieux il en sait sur vous et sur votre besoin, mieux il vous satisfait.

Troisièmement, Il faut adopter un comportement financier exemplaire :

  • En épargnant dans l’optique de constituer un apport personnel dans le cadre d’une éventuelle sollicitation de financement. Cela arrive tôt ou tard. Et c’est une preuve de partage de risques qui ne laisse jamais un banquier indifférent, et peut même justifier une amélioration des conditions d’octroi du crédit ;
  • En sollicitant un crédit qui a un objet économique réel ;
  • Il faut éviter de détourner le crédit de son objet. Le financement doit toujours servir à financer ce pour quoi vous l’avez sollicité. Sinon vous risquez de supporter le poids d’une dette pendant des années qui va plus détruire le peu de richesse que vous créez que de l’accroître.

Et enfin, il faut mettre tout en œuvre pour exceller dans son domaine d’activités.  A ces conditions, VERSUS BANK se donnera les moyens de vous accompagner efficacement dans la réalisation de vos projets et dans votre marche vers le succès.  

Hervé KOUTOUAN, Rédacteur en chef à Bankassur Afrik +

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