Le nombre d’entreprises africaines évoluant dans le domaine de la fintech a fortement triplé passant de 450 en 2020 à 1 263 au début de 2024, stipule le rapport de la Banque européenne de développement dont Bankassurafrik s’est procuré copie.
L’édition 2024 du rapport « La finance en Afrique » rendue publique au début du mois de novembre met en évidence les améliorations constatées dans le secteur financier africain ainsi que les obstacles à la croissance économique de la région.
« Les fintech révolutionnent la manière dont nous percevons la finance en Afrique », a déclaré Thomas Östros, vice-président de la BEI. « Grâce aux technologies, nous pouvons améliorer l’accès au financement pour des millions de personnes et soutenir une croissance économique durable. »
Cependant, les obstacles au financement demeurent une entrave importante au développement économique, le crédit au secteur privé ayant chuté pour passer de 56 % du produit intérieur brut en 2007 à 36 % en 2022. Ce repli freine la croissance des actifs économiques productifs et, partant, l’industrialisation du continent.
Le rapport « La finance en Afrique » s’appuie sur des données récoltées dans le cadre de la neuvième enquête annuelle de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique, qui présente en détail différents défis auxquels le secteur bancaire africain est confronté et confirme la résilience de celui-ci. L’analyse montre que parmi les banques d’Afrique subsaharienne, 77 % de celles ayant répondu à l’enquête considèrent les conditions économiques actuelles comme leur principale préoccupation, devant la qualité des actifs (53 % des banques). Les difficultés à trouver des financements persistent, environ un tiers des banques jugeant problématiques le manque de capitaux et le coût ou la disponibilité de ressources financières.
LIRE AUSSI: Marché des titres publics de l’UEMOA : analyse de la première semaine de mai 2023
« Des signes d’amélioration sont perceptibles, mais le coût élevé du financement demeure une source de préoccupation », a expliqué Debora Revoltella, économiste en chef de la BEI. « Face au double défi que représentent les changements climatiques et la transformation numérique, le rôle des prêts des banques multilatérales de développement est encore plus important pour soutenir une croissance durable sur le continent. »
La baisse des rendements des obligations souveraines a permis à plusieurs pays africains de regagner un accès aux marchés obligataires internationaux. Bien que l’indice des conditions financières de la BEI traduise un certain assouplissement, les conditions financières demeurent restrictives, ce qui freine le développement du secteur privé.
Dans le même temps, neuf banques sur dix pourraient bientôt disposer d’une stratégie en matière d’égalité entre les sexes, sachant qu’elles continuent de faire état de meilleures performances en matière de prêts parmi les entreprises gérées par des femmes. Près de 70 % des banques observent des ratios de prêts non productifs plus faibles pour ces entreprises. Le rapport expose les arguments en faveur de l’octroi de prêts aux femmes et indique que 17 % des banques africaines prévoient d’introduire une stratégie dédiée à l’égalité des sexes dans leurs opérations.
Finance en Afrique : Débloquer les investissements à l’ère de la transformation numérique et de la transition climatique est le neuvième rapport annuel de la Banque européenne d’investissement de cette série, qui couvre le système bancaire africain, les marchés financiers, la numérisation/fintech et le financement de l’action climatique. Elle s’appuie sur l’enquête 2024 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique, réalisée entre février et mars 2024. L’enquête a porté sur 51 banques d’Afrique subsaharienne et s’appuie sur les résultats des enquêtes de la Banque mondiale sur les entreprises et sur une série d’autres sources de données.
Sandra KOHET