Aïssatou Asmy Diaw a débuté sa carrière au département juridique et fiscal d’un big four. Elle a ensuite assumé des rôles clés au sein d’organisations comme Wari et Wave mobile money. Aujourd’hui, en tant que fondatrice de FINLEX, elle a la volonté de répondre aux besoins juridiques uniques des Fintech en Afrique de l’Ouest, un secteur en pleine expansion et vital pour l’inclusion financière régionale.
Présentez-nous brièvement le Cabinet FINLEX, ses activités et la spécificité de son offre ?
FINLEX se distingue en offrant un accompagnement juridique taillé pour les besoins complexes des Fintech, startups et PME. Avec une expertise en droit des affaires, fiscalité et conformité, FINLEX aide les entreprises à naviguer dans les exigences juridiques régionales tout en innovant. Notre « boutique juridique » permet un service personnalisé, essentiel pour les entreprises qui cherchent à croître dans des environnements compétitifs. Nous travaillons étroitement avec nos partenaires pour faciliter leur expansion et garantir la conformité dans un cadre juridique qui évolue rapidement.
Les Fintech se développent de plus en plus en Afrique, cette tendance est-elle selon vous irréversible ? Pourquoi ?
Absolument. Le secteur Fintech en Afrique a atteint un point de bascule. Les solutions de Mobile Money et les services de transfert d’argent sont intégrés dans le quotidien, offrant un accès financier sans précédent. Les Fintech redéfinissent les services financiers en Afrique en ciblant des populations non bancarisées et en simplifiant l’accès aux services. L’amélioration continue de l’expérience utilisateur favorise cette adoption, ancrant la Fintech dans les usages courants de manière durable.
Quels sont les obstacles et contraintes majeurs que les Fintech rencontrent dans le développement de leurs activités en Afrique et singulièrement au Sénégal ?
Les Fintech en Afrique et particulièrement au Sénégal font face à des défis considérables, dont le contrôle des transactions et la conformité avec les réglementations sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Pour sécuriser les transactions, les Fintech doivent renforcer leurs mécanismes de contrôle et suivre de près les exigences de conformité. La protection des données est également cruciale, nécessitant une meilleure régulation pour assurer une maîtrise locale des informations sensibles.
Le cadre juridique et la régulation du secteur des Fintech au Sénégal vous paraissent-ils satisfaisants ou y a-t-il des choses à améliorer ?
La régulation autour de la protection des données personnelles reste un enjeu majeur. Les États africains doivent impulser la création de centres de données locaux pour éviter que les informations sensibles soient stockées à l’étranger, garantissant ainsi une souveraineté numérique. Ce besoin est particulièrement pressant pour le secteur Fintech, qui traite des volumes massifs de données financières. En renforçant le cadre légal, le Sénégal pourrait solidifier sa position en tant que pôle Fintech régional.
Ne pensez-vous pas que les Fintech vont, à terme, pousser les banques à redéfinir leur rôle, voire à les remplacer ?
Les Fintechs en Afrique ont su répondre aux attentes des populations en démocratisant l’accès aux services financiers via des technologies simples et sécurisées, notamment par la création d’application facile à télécharger et pratique, et répondant à leurs besoins.
Elles ne se contentent pas de coexister avec les banques ; elles redéfinissent leur rôle. D’un point de vue réglementaire, je peux dire que les Fintech ont su bousculer le secteur financier et insuffler une révision des textes. Par exemple, la BCEAO a mis en place une cellule de suivi pour mieux comprendre l’impact des Fintech, soulignant leur place centrale dans l’évolution du secteur. Cette approche a également permis d’analyser le fonctionnement des Fintech, d’appréhender leurs éventuelles problématiques et de faire évoluer le cadre réglementaire afin de répondre aux différents aspects du secteur, d’où l’adoption de la dernière instruction de janvier 2024.
Cependant, les Fintechs devront collaborer avec les banques pour créer un écosystème financier inclusif et robuste.
D’après vous, quels sont en Afrique, les principaux défis auxquels les Fintech devront faire face demain ?
Les principaux défis des Fintech résident dans la gestion des données personnelles, le respect des normes de conformité et la stabilité financière. Avec des contraintes croissantes sur la localisation des données, les Fintech devront adapter leurs politiques pour éviter des sanctions tout en répondant aux attentes de leurs utilisateurs. À long terme, il sera essentiel que les États africains soutiennent les Fintech pour qu’elles continuent de croître sans compromettre leur stabilité financière face aux services bancaires traditionnels.
Quelles sont les perspectives de FINLEX à moyen et long terme ?
FINLEX aspire à devenir le leader en conseil juridique pour les Fintech, startups et PME en Afrique. Après l’Afrique de l’Ouest, nous envisageons une expansion sur le continent, permettant à davantage d’entreprises de bénéficier d’un accompagnement juridique adapté aux réalités locales et aux exigences internationales. FINLEX vise à façonner le secteur Fintech en Afrique avec une expertise de pointe et un engagement envers l’innovation et la conformité.
Avec Business Africa