Ghana : La Banque centrale maintient son taux directeur à 27% pour stabiliser l’économie et lutter contre l’inflation

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La Banque du Ghana (BoG) a décidé de maintenir son taux directeur à 27%, une décision stratégique pour préserver la stabilité économique du pays. Malgré des signes de reprise, l’inflation reste une préoccupation majeure. Cette mesure vise donc à contenir la hausse des prix tout en soutenant la croissance.

L’année 2024 a été marquée par une croissance économique plus forte que prévu. Selon les données officielles, le PIB du Ghana a progressé de 6,3% sur les trois premiers trimestres de l’année, contre seulement 2,6% sur la même période en 2023. Cette performance a été portée par la forte production d’or et une reprise du crédit aux entreprises.

Toutefois, l’inflation reste à des niveaux élevés. Après une baisse progressive à 20,4% en août 2024, elle est remontée à 23,8% en décembre, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le comité de politique monétaire a noté que cette hausse était liée à des conditions climatiques difficiles, ayant affecté les récoltes et entraîné une baisse de l’offre sur le marché.

Dans ce contexte, un assouplissement de la politique monétaire aurait pu raviver les tensions inflationnistes. C’est pourquoi la Banque centrale a opté pour le statu quo. « Sous ces circonstances, le Comité a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 27,0 % », a-t-elle annoncé dans son communiqué.

Malgré les défis liés à l’inflation, le secteur bancaire ghanéen, quant à lui, affiche des signes de résilience. En 2024, les banques ont vu leurs actifs croître de 33,8%, preuve d’une certaine confiance dans l’économie. La rentabilité des établissements financiers a également progressé, bien que le rythme de croissance ait ralenti. Cependant, les prêts non performants (NPL), c’est-à-dire les crédits dont les remboursements sont en retard, restent élevés. Leur taux est passé de 20,6% en décembre 2023 à 21,8% en décembre 2024, illustrant les difficultés financières de certaines entreprises et ménages. Pour éviter que cette situation ne se détériore, la Banque centrale entend renforcer la supervision des banques et encourager leur recapitalisation.

La monnaie nationale, le cedi ghanéen, a connu une année mouvementée. Après avoir perdu 24,8% de sa valeur au cours des trois premiers trimestres sous la pression des paiements énergétiques et des incertitudes liées à la dette, elle s’est légèrement redressée en fin d’année. Grâce aux exportations d’or, aux progrès réalisés dans la restructuration de la dette et à une gestion stricte de la liquidité, la dépréciation annuelle a été limitée à 19,0 % face au dollar.

Dans le même temps, les réserves de change du Ghana ont atteint 8,98 milliards de dollars (5 658 milliards FCFA), soit l’équivalent de quatre mois d’importations, un niveau supérieur aux attentes du programme du FMI. Cette amélioration renforce la capacité du pays à stabiliser son économie et à rassurer les investisseurs étrangers.

Pour 2025, la Banque centrale table sur un retour progressif à une inflation maîtrisée, avec un objectif de 8 ± 2% à moyen terme. La prochaine réunion du Comité de politique monétaire, prévue en mars 2025, apportera des éclairages sur l’évolution de cette stratégie.

JM Gogbeu