Projets énergétiques : La BAD propose une monnaie adossée aux minéraux critiques

0
114

La Banque africaine de développement (BAD) veut lancer une nouvelle monnaie non circulante, baptisée « unités de compte africaines » (AUA). Selon le récent rapport publié, cette devise va être adossée aux minéraux critiques et va avoir pour objectif de stimuler les investissements dans les projets d’énergie verte à travers le continent.

Dans le cadre ce modèle, les pays africains vont être invités à mettre en commun une quantité convenue de leurs réserves minérales, telles que le lithium, le cobalt, le graphite, le manganèse et les terres rares, pour établir un taux de conversion des monnaies locales. Ensuite, des prêts vont être accordés en devises fortes (comme le dollar ou l’euro) pour financer des projets d’énergie propre. Ces prêts seront convertis en AUA à un taux de change stable, ce qui va permettre de réduire les risques liés aux fluctuations des monnaies locales.

Un mécanisme de remboursement innovant

Le remboursement des prêts s’effectuerait via une agence de règlement, qui collecterait les paiements en monnaie locale avant d’échanger les minéraux sur les marchés internationaux afin d’obtenir des devises fortes. Ce système apporterait une prévisibilité accrue aux pays emprunteurs, en évitant les difficultés liées à la volatilité des taux de change.

L’Afrique possède 30 % des réserves mondiales de minéraux critiques pour la transition énergétique, mais ne capte actuellement que 3 % des dépenses mondiales en énergie et 2% des investissements dans les énergies renouvelables. De plus, selon la banque mondiale, près de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. En facilitant les investissements étrangers et en valorisant ces ressources stratégiques, la BAD espère contribuer au développement énergétique du continent.

Shonibare, directeur des solutions financières, de la politique et de la régulation de l’énergie à la BAD, a déclaré que « L’avenir de l’énergie verte en Afrique repose sur le déblocage de solutions financières innovantes qui permettent au continent d’exploiter ses vastes richesses minérales. » Selon lui le mécanisme de convertibilité des monnaies proposé jouera un rôle crucial dans la stabilisation des flux d’investissement et l’accélération du développement durable.

L’Agence internationale de l’énergie estime que l’Afrique aura besoin de plus de 200 milliards de dollars par an pour atteindre ses objectifs énergétiques d’ici 2030. En 2024, les dépenses énergétiques du continent sont estimées à 110 milliards de dollars, soulignant ainsi l’urgence de nouvelles sources de financement.

Malgré les ambitions affichées, le calendrier de mise en œuvre du projet n’est pas encore connu. En effet, la BAD n’a pas encore précisé les détails pratiques et il reste à déterminer dans quelle mesure cette initiative va être accessible à tous les pays africains. Actuellement, seules quelques nations qui disposent de réserves minérales essentielles à la transition énergétique, telles que la RDC, la Zambie, l’Afrique du Sud ou le Gabon, peuvent y participer.

La question reste en suspens pour les nations qui ne disposent pas de ces ressources, la BAD n’ayant pas clarifié comment ces pays pourraient bénéficier de ce système.