Zimbabwe : Le FMI exige des réformes avant tout soutien financier

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Le Fonds monétaire international (FMI) a conclu une mission au Zimbabwe dans le cadre du Staff-Monitored Program (SMP), un programme de suivi des réformes demandé par les autorités en 2023. L’objectif de ce programme est d’assainir les finances publiques, stabiliser l’économie et créer les conditions d’un éventuel réengagement avec les bailleurs internationaux. Toutefois, malgré cet accompagnement technique, le FMI a exclu tout financement immédiat, en raison du niveau insoutenable de la dette zimbabwéenne et de l’accumulation d’arriérés extérieurs.

Une croissance sous pression, mais des perspectives de rebond

Après avoir enregistré une croissance de 5,3% en 2023, l’économie du Zimbabwe a ralenti en 2024, avec un taux estimé à environ 2%. Cette contraction s’explique par plusieurs facteurs :

– Une chute de 15% de la production agricole, conséquence de la sécheresse causée par El Niño.

– Des tensions énergétiques liées aux difficultés d’approvisionnement en électricité.

– La baisse des prix du platine et du lithium, deux ressources clés pour les exportations du pays.

Malgré cette conjoncture défavorable, les transferts de fonds des expatriés ont permis de soutenir des secteurs comme le commerce et la construction, entraînant un excédent du compte courant de 500 millions de dollars (1,4% du PIB) en 2024.

Le FMI table sur un rebond économique en 2025, avec une croissance projetée à 6%. Cette reprise serait portée par une amélioration des conditions climatiques, une remontée des cours des matières premières et un renforcement des échanges commerciaux. Toutefois, ces projections restent conditionnées à la mise en œuvre de réformes économiques crédibles.

Des finances publiques sous forte contrainte

Le gouvernement zimbabwéen fait face à une situation budgétaire tendue, malgré une amélioration des recettes fiscales. Le transfert des opérations quasi budgétaires de la Banque centrale du Zimbabwe (RBZ) vers le Trésor public a alourdi les charges publiques et creusé le déficit budgétaire, qui reste toutefois contenu à 1% du PIB en 2024.

L’un des principaux défis reste l’accumulation d’arriérés de paiement, qui pèse sur la stabilité financière du pays. Le gouvernement a dû adopter des mesures d’urgence pour rationaliser ses dépenses et éviter le recours au financement monétaire du déficit, une pratique qui avait alimenté l’hyperinflation par le passé.

Le Fonds a également mis en garde contre les risques liés au Fonds d’investissement Mutapa, un fonds souverain lancé par le Zimbabwe en 2023, dont les opérations restent opaques et pourraient compromettre la discipline budgétaire.

Le FMI pose ses conditions avant toute aide financière

Malgré l’engagement du Zimbabwe dans un programme de réformes, le FMI reste inflexible sur la question de l’aide financière. Pour accéder à de nouveaux financements, le pays devra d’abord :

– Mettre en place un plan crédible de restructuration de sa dette et obtenir un accord avec ses créanciers internationaux.

– Assainir ses finances publiques, notamment en réduisant ses arriérés internes et externes.

– Renforcer la gouvernance économique et assurer une transparence totale sur l’utilisation des fonds publics.

« Le réengagement international reste essentiel pour résoudre la crise de la dette et apurer les arriérés. Un accès au financement extérieur nécessitera des réformes structurelles profondes et durables« , a déclaré Wojciech Maliszewski, chef de mission de l’institution monétaire.

Les autorités zimbabwéennes poursuivent les discussions avec les bailleurs internationaux à travers la Plateforme de dialogue structuré (PDS), une initiative lancée en 2022 pour faciliter la restructuration de la dette et restaurer la confiance des investisseurs. Toutefois, en l’absence de progrès concrets, le Zimbabwe reste pour l’instant coupé des financements multilatéraux et contraint de gérer sa crise avec ses propres ressources.

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