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Alors que la Côte d’Ivoire entame l’année 2025, le pays affiche une croissance économique soutenue mais doit composer avec des incertitudes politiques à l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre.
Une économie résiliente mais sous pression
Selon les dernières estimations du Fonds Monétaire International (FMI), la croissance du PIB ivoirien s’est établie à 6,1% en 2024, un léger ralentissement par rapport aux 6,2% de 2023. Cette dynamique est soutenue par une consommation intérieure robuste et un niveau d’investissements élevé, en particulier dans les infrastructures et l’énergie. Les secteurs clés de l’économie ivoirienne, notamment le cacao et le pétrole, continuent de jouer un rôle moteur.
La production de cacao, qui représente près de 40% du marché mondial, s’est maintenue à 2,2 millions de tonnes en 2024, profitant d’une hausse des cours internationaux. De son côté, le gisement pétrolier Baleine, opéré par l’italien ENI, a atteint une production de 60 000 barils par jour en janvier 2025, un chiffre qui devrait encore progresser avec les investissements prévus.
Malgré ces performances, des défis persistent. L’inflation, bien que contenue à environ 3% en 2025, pèse toujours sur le pouvoir d’achat des ménages. La dette publique, estimée à 58,% du PIB à la fin de l’année 2023, inquiète les analystes économiques en raison de la charge qu’elle fait peser sur les finances publiques : le service de la dette prévoit d’allouer 4 121 milliards FCFA, soit 26% de son budget 2025.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a procédé à une émission d’euro-obligations à hauteur de 2,6 milliards de dollars en 2024, visant à refinancer les échéances à court terme et à stabiliser la dette. Le Plan national de développement (PND) 2021-2025, doté de 90 milliards de dollars, a permis d’accélérer la modernisation des infrastructures, comme en témoigne l’augmentation de 30% du trafic au port d’Abidjan. Toutefois, le secteur informel, qui représente environ 40% du PIB, continue de freiner la mobilisation des recettes fiscales, lesquelles stagnent à 13,6% du PIB, bien en deçà des standards régionaux.
Un climat politique sous haute tension
Alors que l’élection présidentielle approche, le paysage politique ivoirien est en ébullition. Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, a déclaré en janvier 2025 vouloir « continuer à servir » le pays, sans toutefois officialiser sa candidature à un quatrième mandat. Son parti, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), reste divisé entre ceux qui soutiennent une nouvelle candidature du chef de l’État et ceux qui préféreraient voir une nouvelle génération de dirigeants émerger.
Du côté de l’opposition, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) voit se profiler une lutte interne entre Jean-Louis Billon et Tidjane Thiam. Billon, ancien ministre du Commerce et influent homme d’affaires, a officialisé sa candidature en octobre 2024, plaidant pour un « renouveau » du parti. Thiam, ancien directeur du Crédit Suisse et actuel président du PDCI, bénéficie d’un soutien fort parmi les cadres du parti mais devra convaincre les militants de son ancrage local. Leur affrontement lors de la convention du PDCI déterminera qui portera les couleurs du parti.
Par ailleurs, Simone Ehivet Gbagbo, ex-Première dame et fondatrice du Mouvement des Générations Capables, a annoncé sa candidature en décembre 2024. Se présentant comme une alternative aux figures traditionnelles, elle entend mobiliser un électorat en quête de changement.
L’issue de ces échéances internes et du scrutin d’octobre 2025 sera déterminante pour l’avenir politique et économique du pays. La stabilité électorale conditionnera la confiance des investisseurs, dans un contexte où les besoins de financement sont croissants.
Des défis majeurs pour l’avenir
La Côte d’Ivoire se trouve à un tournant crucial. Si le pays entend maintenir sa trajectoire de croissance, il devra relancer la diversification économique, renforcer la lutte contre la corruption et améliorer la gouvernance fiscale. Selon Transparency International en février 2025, la Côte d’Ivoire a obtenu un score de 45 sur 100, se classant au 69ᵉ rang sur 180 pays en matière de perception de la corruption, un frein à l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.
En parallèle, la présidentielle de 2025 représente un test décisif pour la démocratie ivoirienne. Des élections transparentes et inclusives seront essentielles pour préserver la stabilité et renforcer la confiance des citoyens et des partenaires économiques.
L’avenir du pays se jouera donc à la croisee des chemins entre croissance économique et évolution politique. Une gouvernance éclairée et un climat politique apaisé seront les clés pour faire de la Côte d’Ivoire un modèle de prospérité en Afrique de l’Ouest.