Sénégal : La dette au bord du gouffre

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Sénégal : la dette au bord du gouffre
Sénégal : la dette au bord du gouffre

Le Sénégal vacille sous une dette explosive. Un audit choc de la Cour des comptes, publié le 12 février, révèle un endettement public de 99,7% du PIB en 2023 – bien au-delà des estimations officielles. Pendant cinq ans, le gouvernement a sous-estimé déficit et dette, ébranlant la confiance des marchés et des citoyens. Comment en est-on arrivé là ? Et quel avenir pour un pays sous pression ?

Un audit qui secoue les fondations

L’alerte vient de la Cour des comptes sénégalaise. Son rapport est sans appel : entre 2019 et 2023, les chiffres officiels ont masqué la réalité. La dette a augmenté jusqu’à atteindre 99,7% en 2023 selon les données révisées. Ce décalage n’est pas un simple oubli. Il pointe des failles dans la transparence et la gestion des finances publiques, deux atouts cruciaux pour un pays en développement.

Les marchés ferment la porte

La réaction a été brutale. Une agence de notation a dégradé la note souveraine du Sénégal. Résultat : emprunter devient plus cher, avec des taux d’intérêt en hausse, et les investisseurs étrangers se détournent. Le pays, déjà aux prises avec l’inflation et un chômage persistant, voit ses marges de manœuvre se réduire.

Le FMI tend la main, mais avec des conditions

Le Fonds monétaire international (FMI) est sur le pont. Lors d’un point de presse le 6 mars 2025, Julie Kozack, directrice de la communication, a assuré : « Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités pour préserver la viabilité budgétaire et de la dette. » Mais l’aide ne viendra pas sans effort. Le FMI exige d’abord une correction des erreurs de déclaration – une étape incontournable avant tout nouveau soutien financier.

Jusqu’ici, l’institution jugeait la dette soutenable, malgré son niveau élevé. Ce diagnostic, antérieur à l’audit, pourrait être revu. Pour l’instant, pas de sanctions en vue. « Le FMI n’impose aucune sanction en cas de fausse déclaration », ajoute Kozack. Le Conseil d’administration tranchera, peut-être en accordant une dérogation sans réclamer de remboursement des fonds passés.

Un nouveau programme à double tranchant

Des discussions sont en cours pour un nouveau programme d’assistance. Rien n’est acté, mais le FMI pousse pour des réformes drastiques : réduction des dépenses, hausse des recettes fiscales. Objectif ? Stabiliser les finances et regagner la confiance des créanciers. Certains analystes s’interrogent : le Sénégal devra-t-il rembourser une partie des aides précédentes ? Kozack laisse entendre que non, mais la menace plane. Ces mesures, si elles voient le jour, risquent de peser lourd sur une population déjà fragilisée.

Une crise régionale dans l’ombre

Le Sénégal n’est pas seul. En Afrique de l’Ouest, plusieurs voisins – Ghana, Nigeria – luttent aussi contre des dettes écrasantes. Mais ici, la crise prend une tournure unique : la perte de crédibilité aggrave l’isolement financier. À court terme, Dakar a besoin d’un soutien urgent pour éviter une crise de liquidité. Le FMI, lui, mise sur des solutions durables, pas sur des rustines. Une équation délicate.

L’avenir en suspens

Que va-t-il se passer ? Tout repose sur les négociations avec le FMI. Un programme bien calibré pourrait relancer l’économie, mais à quel coût social ? Les autorités sénégalaises jouent gros : elles doivent rectifier les erreurs, apaiser les marchés et répondre aux attentes d’un peuple sous tension. Le chiffre de 99,7% marque un avant et un après. Le Sénégal peut encore se relever, à condition que la transparence devienne son arme maîtresse. Les semaines à venir seront décisives.

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