Sous pression après la suspension des financements de la Banque mondiale, le Gabon n’avait pas d’autre choix que d’agir. En réglant 29,8 millions de dollars, soit 17,9 milliards FCFA, le pays tente de restaurer la confiance de ses partenaires financiers et de relancer les financements internationaux. Ce geste, bien que nécessaire, ne suffit pas à effacer les défis économiques persistants.
Un remboursement stratégique pour éviter l’isolement financier
Depuis janvier 2025, le Gabon était confronté à une suspension des financements de la Banque mondiale en raison d’un retard de paiement de 17 milliards FCFA (environ 27 millions de dollars). Cette situation menaçait directement les projets d’infrastructures et les programmes sociaux financés par l’institution.
Le gouvernement de transition, dirigé par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a donc pris les devants en régularisant cette dette. « Cette action forte du Gouvernement de la Transition […] s’inscrit dans la volonté du Président de restaurer et renforcer la confiance et la coopération avec la communauté financière internationale », souligne le communiqué du ministère des Comptes publics et de la Dette.
Cette décision marque une volonté politique claire : éviter que le pays ne se retrouve coupé des financements internationaux, alors que son économie peine à se redresser. Mais au-delà de cette action immédiate, un problème de fond demeure : la soutenabilité de la dette publique.

Un héritage économique lourd à porter
Le remboursement des arriérés s’inscrit dans un contexte budgétaire tendu. Depuis plusieurs années, la dette publique du Gabon ne cesse de croître. En 2023, elle s’élevait à 7 081 milliards FCFA, soit 58,2% du PIB. Un an plus tard, elle dépassait les 70,5% du PIB, franchissant ainsi le seuil critique fixé par la CEMAC (70%).
Cette évolution a suscité des inquiétudes du côté du Fonds monétaire international (FMI), qui estimait que la dette pourrait atteindre 73,1% du PIB d’ici la fin de l’année 2024. Un niveau qui place le Gabon dans une zone de vulnérabilité financière accrue.
En réglant ses dettes envers la Banque mondiale, le gouvernement tente d’inverser la tendance et de prouver son engagement en faveur d’une gestion plus rigoureuse. Mais ce remboursement, aussi significatif soit-il, n’élimine pas le risque d’un endettement excessif à l’avenir.
Quelles conséquences pour l’économie gabonaise ?
Ce paiement de 17,9 milliards FCFA envoie un signal positif aux investisseurs et aux institutions financières. Il pourrait avoir plusieurs effets bénéfiques :
- – La levée de la suspension des financements de la Banque mondiale, permettant de débloquer des fonds pour les projets en cours.
- – Une amélioration de la crédibilité financière du Gabon, essentielle pour obtenir de nouveaux financements.
- – Une stabilisation de la notation souveraine du pays, évitant une dégradation qui pourrait renchérir le coût de l’emprunt sur les marchés internationaux.
Cependant, ces gains restent fragiles. La dette du Gabon demeure élevée, et le pays doit encore faire face à des défis budgétaires majeurs. Sans réformes structurelles profondes, le risque de retomber dans un cycle d’endettement non maîtrisé reste élevé.
Un test pour la transition politique
Au-delà de l’aspect financier, ce remboursement revêt une forte dimension politique. Le gouvernement de transition veut démontrer qu’il est capable de gérer les finances publiques avec rigueur et transparence. Une nécessité pour asseoir sa légitimité et rassurer tant la population que les investisseurs.
Mais l’avenir reste incertain. Dans les mois à venir, l’exécutif devra prouver qu’il peut réduire durablement la dette et instaurer une discipline budgétaire solide. La réussite de cette transition financière sera un élément clé pour préparer l’après-transition et éviter que le Gabon ne replonge dans les travers du passé.
En soldant ses arriérés envers la Banque mondiale, le Gabon marque un point. Mais la partie est loin d’être gagnée. La vraie question est désormais de savoir si le pays pourra maintenir cette rigueur budgétaire et éviter un nouveau surendettement.
9rimuk