Nouakchott lance sa Bourse avec le Maroc : une révolution financière en marche

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Le 17 avril 2025, la Mauritanie a franchi une étape décisive dans sa quête de modernisation économique. À Nouakchott, un accord historique a été signé entre la Banque Centrale de Mauritanie et la Bourse de Casablanca : la création prochaine de la Bourse de Nouakchott. Derrière les poignées de main officielles, c’est un nouveau souffle qui anime la capitale mauritanienne, portée par l’espoir de voir émerger un véritable marché financier local. Mais au-delà des symboles, que représente vraiment cette initiative pour la Mauritanie et la région ouest-africaine ?

Un partenariat structurant pour un marché en devenir

Créer une bourse, c’est bien plus que lancer un bâtiment ou une plateforme numérique : c’est instaurer un cadre de confiance où les entreprises peuvent lever des capitaux et les investisseurs placer leurs fonds avec assurance. Jusqu’ici dépourvue d’un tel outil, la Mauritanie a choisi de s’appuyer sur l’expertise marocaine. Forte de près d’un siècle d’expérience, la Bourse de Casablanca ne vient pas seulement prêter main forte : elle devient un véritable mentor.

L’accord prévoit un accompagnement complet. Des systèmes informatiques de pointe à la formation des régulateurs, en passant par l’élaboration de règles claires, tout est pensé pour faire de la future Bourse de Nouakchott un levier de développement crédible. Et dans les couloirs des institutions mauritaniennes, on sent poindre une certaine fierté : celle de bâtir, pierre après pierre, une infrastructure qui pourrait changer la donne pour les entreprises locales.

Une coopération renforcée sur fond d’ambitions communes

Ce partenariat n’émerge pas de nulle part. Il s’inscrit dans une dynamique plus large, nourrie par des liens historiques et géographiques entre les deux pays. Depuis quelques années, Rabat et Nouakchott renforcent leurs échanges économiques, notamment via le corridor stratégique de Guerguerat. Le Maroc, en quête d’influence continentale, mise sur Casablanca Finance City pour rayonner en Afrique. La Mauritanie, quant à elle, aspire à rompre avec sa dépendance aux ressources naturelles, en ouvrant de nouvelles voies de croissance.

Dans ce contexte, la création d’une bourse arrive à point nommé. Le pays attire déjà l’attention avec des projets majeurs, comme le champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, qu’il partage avec le Sénégal. Une place boursière permettrait de canaliser ces flux d’investissements, tout en renforçant l’intégration régionale. À travers cette initiative, Nouakchott ambitionne de s’inscrire durablement sur la carte économique du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest.

Entre promesses et vigilance, un défi à relever

L’enthousiasme est réel, mais la prudence reste de mise. Si la Bourse de Nouakchott offre de belles perspectives, notamment pour le financement des PME mauritaniennes et l’attractivité des capitaux étrangers, plusieurs obstacles doivent être surmontés. Le tissu entrepreneurial local est encore fragile. Peu d’entreprises répondent aux exigences de transparence et de gouvernance requises pour entrer en bourse.

De plus, la concurrence est déjà bien présente. La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, bien implantée en Afrique de l’Ouest, pourrait freiner l’essor de ce nouveau marché. Le véritable défi sera donc de bâtir un écosystème financier cohérent, inclusif, et capable de gagner la confiance des investisseurs, locaux comme étrangers.

Un pari africain sur l’avenir

Au final, cet accord entre le Maroc et la Mauritanie dépasse le cadre technique ou institutionnel. Il incarne une vision, celle d’une Afrique qui prend en main son destin économique, en valorisant la coopération Sud-Sud. Pour Nouakchott, c’est une occasion unique d’écrire une nouvelle page de son histoire financière. Et pour Rabat, un moyen d’asseoir son rôle de catalyseur régional.

Si la Bourse de Nouakchott parvient à voir le jour dans les délais et à remplir ses promesses, elle pourrait devenir un modèle pour d’autres nations africaines en quête de structuration économique. En attendant, les regards sont tournés vers cette jeune capitale sahélienne, où l’ambition côtoie la prudence, mais où surtout, l’espoir d’un avenir meilleur prend désormais racine.

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