Djibouti accélère sa transformation éducative avec l’appui renforcé de la Banque mondiale

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Djibouti accélère sa transformation éducative avec l’appui renforcé de la Banque mondiale
Djibouti accélère sa transformation éducative avec l’appui renforcé de la Banque mondiale

Éducation : un nouvel investissement de 11,35 millions de dollars pour corriger les inégalités, moderniser les infrastructures et doter les élèves de compétences clés pour l’avenir

Djibouti franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de développement du capital humain. Avec l’approbation par la Banque mondiale d’un financement additionnel de 11,35 millions de dollars, le pays intensifie ses efforts pour rendre son système éducatif plus équitable, plus résilient et mieux adapté aux défis du XXIe siècle.

Ce nouvel appui s’inscrit dans la continuité du Projet d’Élargissement des Opportunités d’Apprentissage, lancé il y a plusieurs années. Il porte le montant total des ressources mobilisées à 41,7 millions de dollars, grâce à une combinaison de subventions : 6,5 millions issus de l’Association internationale de développement (IDA) — le guichet de la Banque mondiale destiné aux pays à faibles revenus — et 4,85 millions du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), un fonds multilatéral dédié à la transformation éducative dans les pays en développement.

Un système sous pression, des priorités claires

Cette aide n’arrive pas par hasard. Djibouti fait face à de multiples défis dans le domaine de l’éducation. Les inégalités entre filles et garçons, l’exclusion des enfants vivant en zone rurale ou réfugiés, la faiblesse des infrastructures scolaires et le manque de ressources pédagogiques sont autant de freins à la réussite scolaire. Le chiffre est saisissant : 92% des enfants djiboutiens ne disposent d’aucun livre à la maison — un pourcentage qui grimpe à plus de 98% dans les zones les plus reculées.

Ces carences ne sont pas sans conséquence sur les résultats scolaires et la qualité de l’apprentissage. Les enseignants, souvent isolés, manquent d’outils de formation continue, tandis que les écoles sont sous-équipées pour offrir un environnement d’apprentissage digne de ce nom.

Un levier de transformation structurelle

Le nouveau financement vise donc bien plus qu’un simple rattrapage. Il ambitionne une transformation en profondeur du système éducatif. Le projet prévoit notamment le développement de l’enseignement préscolaire, la modernisation des pratiques pédagogiques, l’amélioration de la gestion administrative et la mise en place d’outils de suivi et d’évaluation plus efficaces.

Ce programme cible l’ensemble des acteurs de la chaîne éducative — élèves, enseignants, chefs d’établissement et encadreurs pédagogiques — avec une attention particulière portée aux filles, aux enfants en situation de handicap et aux réfugiés, dont l’accès à une éducation de qualité reste particulièrement fragile.

La pandémie, révélateur des faiblesses

La crise sanitaire liée à la COVID-19 a agi comme un révélateur brutal des faiblesses structurelles du système éducatif djiboutien. Elle a creusé les écarts de réussite, perturbé les parcours scolaires et mis en lumière l’absence d’un dispositif d’apprentissage à distance efficace. Dans ce contexte, cet appui financier revêt une double fonction : il s’agit à la fois d’un levier de relance et d’un vecteur de résilience à long terme.

Comme le souligne Fatou Fall, représentante de la Banque mondiale à Djibouti : « Investir dans l’éducation est essentiel pour bâtir une société inclusive et résiliente. Ce projet vise à donner à chaque enfant les moyens de réaliser son potentiel et de contribuer au développement du pays. »

Un engagement stratégique sur le long terme

Ce projet s’inscrit dans une vision plus large, portée par le Schéma directeur de l’éducation et de la formation 2021-2035, qui définit les grandes orientations du secteur pour les quinze prochaines années. Djibouti veut y inscrire durablement sa jeunesse dans une trajectoire d’apprentissage continu, d’employabilité accrue et de participation active au développement économique et social du pays.

L’éducation devient ainsi un pilier stratégique dans la lutte contre la pauvreté, la réduction des inégalités et la diversification économique. À long terme, les retombées économiques sont potentiellement considérables : selon plusieurs études, chaque année supplémentaire de scolarité peut accroître les revenus d’un individu de 8 à 10%, et les effets sont encore plus marqués pour les filles.

Un enjeu géopolitique silencieux

Au-delà des enjeux strictement sociaux, cet engagement éducatif s’inscrit aussi dans le positionnement diplomatique de Djibouti. Véritable hub stratégique de la Corne de l’Afrique, le pays bénéficie d’un intérêt croissant de ses partenaires internationaux. Pour ces derniers, contribuer à l’éducation, c’est aussi participer à la stabilité et au développement d’un territoire clé dans les équilibres régionaux.

Avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, Djibouti veut former une nouvelle génération d’apprenants mieux outillés pour faire face aux mutations économiques, climatiques et technologiques. Il s’agit, au fond, de miser sur l’intelligence locale comme moteur de développement durable.