Agro : Le Burkina Faso mise sur Faso Guulgo pour doper son élevage

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Agro : Le Burkina Faso mise sur Faso Guulgo pour doper son élevage
Agro : Le Burkina Faso mise sur Faso Guulgo pour doper son élevage

Le Burkina Faso mise sur l’alimentation animale pour doper son secteur de l’élevage. Le 6 mai, l’usine Faso Guulgo a été inaugurée à Koubri, à une trentaine de kilomètres de la capitale. Avec une capacité de 100 tonnes par jour, cette usine publique ambitionne de produire des aliments abordables pour le bétail, les volailles et la pisciculture. Dans un pays où l’élevage nourrit des millions de foyers, ce projet pourrait transformer l’économie. Mais les défis sont nombreux.

Une réponse à une crise structurelle

L’élevage est un pilier de l’économie burkinabè. Il contribue à 11% du PIB et emploie près de 70% de la population active. Pourtant, le secteur souffre. Le coût élevé des aliments pour animaux, souvent importés, freine la productivité. Les éleveurs peinent à nourrir leurs 30 millions de têtes de bétail et 38 millions de volailles. Résultat : des prix de viande et de lait inabordables pour beaucoup.

Faso Guulgo naît des cendres de la Société de fabrique d’aliments pour bétail (SOFAB), une entreprise en difficulté. En 2023, SOFAB ne produisait que 20 tonnes par jour, loin de sa capacité théorique de 100 tonnes. Ses pertes financières, estimées à 452 millions FCFA entre 2022 et 2023, ont poussé l’État à agir. Nationalisée en novembre 2024, l’usine a été relancée en un temps record de cinq mois. Un exploit qui reflète l’urgence de la situation.

Une usine moderne pour des ambitions nationales

Située à Koubri, Faso Guulgo est équipée de six lignes de production. Elle transforme le maïs et le soja locaux en aliments variés : farines, granulés et miettes pour bovins, volailles, poissons ou porcs. Chaque jour, 100 tonnes sortent de ses ateliers. L’objectif ? Fournir des aliments nutritifs et abordables pour rendre l’élevage plus compétitif.

Le gouvernement voit grand. Une nouvelle ligne de 50 tonnes par jour est prévue à Koubri. Deux autres usines, à Bagré et Samandéni, produiront chacune 100 tonnes quotidiennes d’ici quelques années. Ces projets s’inscrivent dans l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025, un plan visant la souveraineté alimentaire d’ici fin 2025. Faso Guulgo est un maillon clé de cette stratégie.

Des impacts prometteurs

L’usine pourrait changer la donne. En produisant localement, elle réduit la dépendance aux importations, coûteuses et vulnérables aux crises mondiales. Les éleveurs bénéficieront d’aliments moins chers, ce qui pourrait faire baisser les prix de la viande et du lait. Pour les agriculteurs, c’est une aubaine : le maïs et le soja, cultivés en abondance au Burkina, trouvent un nouveau débouché.

L’impact économique s’annonce significatif. Faso Guulgo créera des emplois directs (techniciens, ouvriers) et indirects (transport, distribution). À long terme, un élevage plus productif pourrait doper les exportations de viande, un marché porteur en Afrique de l’Ouest. Le projet soutient aussi la sécurité alimentaire, dans un pays où les protéines animales restent rares pour beaucoup.

Des défis à relever

Mais le chemin est semé d’embûches. La viabilité financière de Faso Guulgo pose question. Avec un capital de 100 millions FCFA, l’usine devra éviter les écueils de SOFAB, plombée par une mauvaise gestion. L’approvisionnement en matières premières est un autre défi. Le maïs, concurrencé par l’alimentation humaine, et le soja, souvent exporté, pourraient manquer. Sans un système d’achat fiable auprès des agriculteurs, la production risque de ralentir.

La concurrence n’est pas à négliger. Des unités privées, comme à Fada N’Gourma, produisent déjà des aliments pour le bétail. Faso Guulgo devra se démarquer par des prix bas et une qualité irréprochable. Enfin, l’impact environnemental inquiète. Une production intensive de soja pourrait accentuer la pression sur les terres agricoles, voire encourager la déforestation si elle n’est pas encadrée.

Un pari audacieux

Faso Guulgo incarne l’ambition d’un Burkina Faso qui veut reprendre en main son économie. En pariant sur l’alimentation animale, le gouvernement attaque un goulot d’étranglement de l’élevage. Si le projet réussit, il pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés à des défis similaires. Mais pour transformer l’essai, il faudra une gestion rigoureuse, un approvisionnement stable et une vision durable.

À Koubri, les machines tournent déjà. Reste à savoir si Faso Guulgo deviendra le moteur d’une révolution agropastorale ou un simple espoir dans un secteur en quête de souffle. Les éleveurs, eux, attendent des résultats concrets.

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