Économie : L’UEMOA sur la voie de la croissance, mais sous pression

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Economie : L’UEMOA sur la voie de la croissance, mais sous pression
Economie : L’UEMOA sur la voie de la croissance, mais sous pression

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) affiche une santé économique enviable, mais les défis persistent. Selon un récent rapport du Fonds monétaire international (FMI), cette région de huit pays d’Afrique de l’Ouest, unis par le franc CFA, conjugue croissance robuste et inflation maîtrisée. Pourtant, une dette publique croissante et des inégalités marquées appellent à des réformes urgentes.

Une croissance qui impressionne

En 2024, l’économie de l’UEMOA a progressé de plus de 6%, un rythme soutenu proche de sa moyenne des dix dernières années. Cette dynamique s’explique par des moteurs variés : une récolte exceptionnelle de cacao, des prix élevés des matières premières et le démarrage de projets pétroliers et gaziers au Sénégal et au Niger. Avec un PIB nominal de 220 milliards de dollars, la région reste un moteur économique en Afrique subsaharienne.

Mais cette croissance cache des disparités. Certains pays, comme la Côte d’Ivoire, tirent le peloton, tandis que d’autres peinent à suivre. Résultat : les écarts de revenus par habitant s’accentuent, avec un PIB par habitant moyen de seulement 1 447 dollars en 2024. À titre de comparaison, c’est cinq fois moins qu’en Afrique du Sud.

L’inflation sous contrôle

Bonne nouvelle : l’inflation, qui avait dépassé les bornes en 2024, est revenue à des niveaux acceptables. Depuis novembre dernier, elle oscille dans la fourchette cible de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). La baisse des prix alimentaires, combinée à une politique monétaire stricte – hausse des taux d’intérêt et contrôle des liquidités – a permis ce retour au calme. Les ménages, qui avaient souffert de la flambée des coûts, respirent un peu.

Des réserves en hausse

Les finances extérieures s’améliorent aussi. Après des années de déficit commercial, l’UEMOA a réduit son déficit courant en 2024. Les réserves de devises, essentielles pour payer les importations, ont rebondi grâce aux exportations de cacao, aux nouveaux revenus pétroliers et à des prêts du FMI. Ces réserves couvrent désormais plus de quatre mois d’importations, un niveau jugé suffisant pour absorber des chocs externes.

Une dette publique inquiétante

Mais tout n’est pas rose. La dette publique de l’UEMOA a grimpé à 59,6% du PIB en 2024, dépassant les prévisions. Le Sénégal, en particulier, affiche des niveaux préoccupants. Cette hausse s’explique par des déficits budgétaires persistants et des ajustements comptables. Pour financer leurs besoins, les gouvernements se tournent vers le marché régional, mais celui-ci a ses limites : les coûts d’emprunt sont élevés, et une dépendance excessive pourrait fragiliser les réserves.

Face à ce défi, les ministres de l’UEMOA proposent de relancer un « Pacte de convergence ». Ce plan fixerait des limites strictes : un déficit budgétaire plafonné à 3% du PIB et une dette publique sous 70%. Le FMI applaudit l’idée, mais insiste pour une adoption rapide et une application rigoureuse. Sans discipline, la région risque de s’enliser dans un endettement insoutenable.

Un système bancaire sous surveillance

Le secteur bancaire, lui, reste solide. Les banques de l’UEMOA résistent bien aux turbulences, mais elles prêtent beaucoup aux États, ce qui les expose à des risques si un gouvernement fait défaut. Le FMI recommande des règles plus strictes pour limiter cette dépendance et renforcer la stabilité financière. Par ailleurs, plusieurs pays doivent améliorer leur lutte contre le blanchiment d’argent pour sortir de la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI).

Vers plus d’intégration régionale

L’UEMOA ne se contente pas de gérer l’urgence. La région mise sur l’intégration pour assurer sa prospérité. Un nouveau système de paiement rapide, en cours de déploiement, promet de faciliter les transactions et d’inclure davantage de citoyens dans l’économie formelle. Un fonds de stabilisation, destiné à aider les pays frappés par des crises, est aussi à l’étude. Ces initiatives pourraient renforcer la solidarité régionale, à condition de limiter les risques financiers.

Des défis structurels persistants

Malgré ces avancées, l’UEMOA fait face à des obstacles de taille. La pauvreté touche encore 23% de la population, et l’espérance de vie (61 ans) reste faible. Les inégalités, mesurées par un indice de Gini de 35,4, montrent que les richesses sont mal réparties. Diversifier les économies, souvent dépendantes des matières premières, et investir dans les infrastructures sont des priorités. Le FMI encourage aussi des réformes pour rendre la croissance plus inclusive, notamment pour les femmes et les jeunes.

Un avenir prometteur, mais exigeant

L’UEMOA est à un tournant. Sa croissance dynamique et ses efforts pour stabiliser ses finances la placent en bonne position. Mais sans discipline budgétaire, sans réduction des inégalités et sans intégration renforcée, les progrès pourraient s’essouffler. Le FMI, qui accompagne la région avec des prêts et des conseils, appelle à des réformes audacieuses. Pour les 145 millions d’habitants de l’UEMOA, l’enjeu est clair : transformer cette dynamique en prospérité durable.

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