Nigéria / Agriculture : Un programme de 158 millions de dollars pour transformer le Nord et réduire la pauvreté

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Nigéria / Agriculture : Un programme de 158 millions de dollars pour transformer le Nord et réduire la pauvreté
Nigéria / Agriculture : Un programme de 158 millions de dollars pour transformer le Nord et réduire la pauvreté

Le Nigéria a lancé un programme ambitieux d’un montant de 158 millions de dollars (254,4 milliards de nairas) pour révolutionner l’agriculture dans neuf États du Nord. Ce projet, signé le 7 mai à Abuja, vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales en réduisant la pauvreté, renforçant la sécurité alimentaire et dynamisant l’économie locale. Porté par le gouvernement fédéral, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et l’Agence française de développement (AFD), cet investissement offre une lueur d’espoir pour les millions d’agriculteurs qui luttent chaque jour pour surmonter des défis multiples.

Les États ciblés par cette initiative – Borno, Bauchi, Kano, Katsina, Kebbi, Jigawa, Sokoto, Yobe et Zamfara – sont confrontés à des obstacles majeurs : insécurité, conflits incessants et chômage qui freinent leur potentiel agricole. Mais derrière ces difficultés, ces régions cachent un véritable trésor : des terres fertiles et des opportunités inexploitées. Le programme Value Chain North (VCN) a pour ambition de libérer ce potentiel caché. En soutenant le développement de filières agricoles de qualité, le projet veut garantir une transformation complète des produits, de la terre jusqu’à l’assiette.

Le VCN, qui s’étendra sur une période de huit ans, se concentre sur la construction d’infrastructures essentielles telles que des systèmes d’irrigation, des entrepôts et des unités de transformation. Il privilégie des cultures stratégiques comme le blé, le maïs et les aliments pour bétail, dans le but d’augmenter la production, favoriser la transformation locale et garantir une meilleure commercialisation. Ce programme, qui intègre des outils numériques pour suivre l’ensemble du processus, de l’enregistrement des agriculteurs à l’accès aux marchés, inclut également des initiatives pour encourager la participation des femmes, des jeunes et des rapatriés. À terme, l’objectif est de créer 30 000 emplois, transformant ainsi le paysage socio-économique de ces régions.

Ce projet s’inscrit parfaitement dans la vision du président Bola Tinubu, qui entend réduire la pauvreté et garantir l’autosuffisance alimentaire du pays. Le vice-président Kashim Shettima, présent lors de la signature de l’accord, a d’ailleurs souligné que le Nord du Nigéria n’est pas une région déficitaire, mais un véritable centre d’abondance. Le programme VCN devrait également alimenter les futures zones agro-industrielles en matières premières de qualité, contribuant ainsi à diversifier l’économie du pays. En visant une production locale accrue, le Nigéria espère réduire sa dépendance au pétrole, un objectif stratégique à long terme.

Le contexte mondial, avec la flambée des prix alimentaires et le protectionnisme croissant, rend ce projet encore plus crucial. Les tensions commerciales entre les grandes puissances, telles que la Chine et les États-Unis, fragilisent davantage les chaînes d’approvisionnement. Face à cette réalité, le Nigéria, qui dépend encore largement des importations, se voit dans l’obligation de produire davantage sur son sol. Le programme VCN apparaît ainsi comme une réponse à cette nécessité, tout en intégrant des pratiques agricoles durables pour lutter contre le changement climatique.

Cependant, malgré l’enthousiasme suscité par ce projet, des défis demeurent. Les conflits dans le Nord, notamment à Borno et Yobe, compliquent l’accès aux terres agricoles. La réussite de ce programme dépendra en grande partie de la coordination entre le gouvernement fédéral, les autorités des États et les partenaires du projet, notamment le FIDA. Des voix comme celle du gouverneur de Borno, Babagana Zulum, appellent déjà à des ajustements afin d’assurer que les bénéfices soient maximisés pour les populations locales.

Si ce programme parvient à surmonter ces obstacles, il pourrait transformer la vie de 3,1 millions de personnes. En construisant 229 km de routes, le projet facilitera l’accès aux marchés pour les agriculteurs et permettra d’améliorer la compétitivité des produits locaux. En intégrant les plus vulnérables, il incarne l’espoir d’une véritable transformation pour les populations souvent laissées pour compte. Si le VCN réussit, il ne se contentera pas de nourrir le Nigéria : il en fera un acteur incontournable sur la scène agricole mondiale, posant ainsi les bases d’une économie agricole solide et pérenne.

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