Au Ghana, l’accès aux services financiers n’est plus un luxe réservé à une élite urbaine. Grâce à des initiatives comme le Cadre d’Inclusion Financière et de Stabilité des Consommateurs (FICSOC), la Banque du Ghana ambitionne de transformer le paysage économique pour inclure chaque citoyen, des agriculteurs ruraux aux entrepreneurs des grandes villes. Lors d’une rencontre avec les parties prenantes le 7 mai 2025, le premier sous-gouverneur a dévoilé les avancées et les défis de cette révolution financière. Mais où en est vraiment le pays ?
Une révolution numérique en marche
Ces dernières années, le Ghana a fait des pas de géant. L’essor des services d’argent mobile, comme MTN Mobile Money ou AirtelTigo Money, a changé la donne. En 2023, plus de 60% des Ghanéens utilisaient des services financiers numériques, contre seulement 30% cinq ans plus tôt, selon la Banque mondiale. Les zones rurales, autrefois exclues, bénéficient désormais de solutions bancaires accessibles via un simple téléphone.
Des campagnes d’éducation financière ont aussi porté leurs fruits. Les Ghanéens comprennent mieux comment gérer leur argent et défendre leurs droits face aux institutions financières. Parallèlement, des réglementations plus strictes obligent les banques et les fintechs à plus de transparence. Résultat : les consommateurs se sentent mieux protégés.
Des obstacles persistants
Malgré ces progrès, des défis freinent l’élan. Les coûts des services financiers restent élevés pour les populations à faible revenu. Par exemple, les frais de transaction sur certaines plateformes numériques peuvent représenter une part significative du budget d’un petit commerçant. La cybersécurité est une autre préoccupation majeure. Avec la numérisation rapide, les fraudes en ligne et les piratages menacent les utilisateurs, souvent peu formés à ces risques.
Enfin, la coordination entre les acteurs – régulateurs, banques, fintechs et associations – reste perfectible. Sans une collaboration fluide, les initiatives peinent à atteindre leur plein potentiel, surtout dans les régions reculées.
Un avenir inclusif en construction
Pour surmonter ces obstacles, la Banque du Ghana appelle à l’union des forces. Les institutions financières sont encouragées à innover avec des produits abordables, comme des microcrédits pour les agriculteurs ou des comptes sans frais pour les jeunes entrepreneurs. Les fournisseurs numériques, eux, doivent investir dans des systèmes sécurisés pour rassurer les utilisateurs. Les médias et la société civile jouent aussi un rôle clé en sensibilisant le public.
Le Ghana n’est pas seul dans cette quête. Des pays comme le Kenya, pionnier de l’argent mobile avec M-Pesa, montrent la voie. Mais chaque contexte est unique, et le Ghana doit trouver son propre modèle pour concilier inclusion, stabilité et innovation.
Pourquoi cela compte
L’inclusion financière n’est pas qu’une question d’accès à une banque. C’est un levier pour réduire la pauvreté, stimuler l’entrepreneuriat et dynamiser l’économie. Un Ghanéen qui peut épargner, emprunter ou investir sans crainte contribue à la croissance collective. Avec FICSOC, le pays pose les bases d’un système financier plus équitable. Reste à transformer cette vision en réalité pour les millions de citoyens encore en marge.