Portée par des avancées en éducation, en espérance de vie et en revenu, la Côte d’Ivoire se distingue dans le dernier classement du PNUD. Mais les défis structurels restent entiers.
La Côte d’Ivoire vient d’enregistrer une performance remarquable en matière de développement humain. Selon le rapport 2023 du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), le pays figure parmi les nations ayant connu la plus forte progression de leur Indice de Développement Humain (IDH) sur un an. Avec un gain de +0,017 point entre 2022 et 2023, l’IDH ivoirien s’établit désormais à 0,582, contre 0,565 précédemment. Une évolution qui place le pays au 157e rang mondial sur 193 et le propulse en tête des progressions en Afrique subsaharienne.
Ce bond de 3% en un an, dans un indicateur réputé lent à évoluer, traduit une dynamique encourageante. Il s’inscrit dans une trajectoire amorcée depuis plusieurs années, portée par des réformes multisectorielles et des investissements publics ciblés.
Des chiffres, mais surtout des vies
L’IDH, conçu par le PNUD, combine trois dimensions essentielles du bien-être : la santé (mesurée par l’espérance de vie), l’éducation (durée moyenne et espérée de scolarisation) et le niveau de vie (revenu national brut par habitant).
En Côte d’Ivoire, ces trois composantes témoignent d’un progrès réel, bien que contrasté. L’espérance de vie à la naissance, par exemple, passe de 61,6 ans en 2022 à 61,9 ans en 2023. Côté éducation, les années de scolarisation espérées s’élèvent à 11,4 ans contre 10,2 précédemment — une amélioration notable. En revanche, la durée moyenne de scolarisation pour les adultes reste stable à 4,9 ans, révélant des écarts persistants selon les générations et les zones géographiques. Enfin, le revenu national brut par habitant progresse de 6 540 à 6 735 dollars, confirmant une certaine résilience économique.
Un virage amorcé depuis 2010
Au-delà de la conjoncture, ces résultats s’inscrivent dans une dynamique de long terme. Entre 1990 et 2023, l’IDH ivoirien a progressé de 25%, avec une accélération marquée depuis 2010. Sur cette période, le pays affiche une croissance annuelle moyenne de +1,7% de son indice.
Cette trajectoire ascendante repose en grande partie sur des politiques publiques structurantes engagées depuis 2011 : développement des infrastructures sociales, amélioration de l’accès à l’éducation, investissements dans la santé, ainsi qu’un cadre macroéconomique plus favorable. L’État a également renforcé ses partenariats avec les bailleurs internationaux, contribuant à la stabilité financière et à la mise en œuvre de projets à impact social.
L’intelligence artificielle : promesse technologique ou mirage social ?
Le rapport 2023 du PNUD se distingue aussi par son thème central : « Une question de choix : les personnes et les possibilités à l’ère de l’IA ». Il interroge la capacité des pays à tirer parti de l’intelligence artificielle comme levier de transformation humaine.
Dans cette optique, la Côte d’Ivoire a entrepris des démarches pour intégrer l’IA dans sa stratégie de développement. Selon la ministre du Plan et du Développement, Nialé Kaba, une stratégie nationale sur l’intelligence artificielle et la gouvernance des données est en cours d’élaboration. Le pays ambitionne même de devenir un hub régional dans ce domaine, notamment à travers le développement d’un écosystème numérique à Abidjan.
Reste que l’IA, sans inclusion numérique massive ni éducation de base solide, risque d’élargir certaines fractures sociales, au lieu de les combler.
Une marche difficile vers l’IDH élevé
Malgré ces avancées mesurables, la Côte d’Ivoire reste classée parmi les pays à développement humain moyen. Le 15ème rang mondial, s’il marque une progression, témoigne aussi de l’ampleur du chemin restant pour atteindre le groupe des pays à IDH élevé.
Les défis structurels sont encore nombreux : réduction de la pauvreté, accès équitable aux soins et à une éducation de qualité, lutte contre les inégalités sociales et régionales, et surtout, amélioration de la qualité de vie au-delà des indicateurs macroéconomiques. La soutenabilité de la croissance, dans un contexte de pression démographique et de vulnérabilités climatiques, reste également un enjeu majeur.
Avancer, mais sans perdre de vue l’essentiel
L’IDH de la Côte d’Ivoire progresse, chiffres à l’appui. Mais la véritable mesure du développement humain ne réside pas seulement dans la courbe ascendante d’un indicateur, aussi utile soit-il. Elle s’évalue à l’aune de la transformation concrète des conditions de vie, de la réduction des écarts et de la consolidation d’un modèle de croissance plus équitable.
La Côte d’Ivoire avance. Mais pour que cet élan devienne durable, il devra s’accompagner de progrès plus profonds, plus inclusifs, et plus ancrés dans les réalités sociales du pays.
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