La Côte d’Ivoire célèbre une étape majeure dans sa filière de la noix de cajou. En 2025, 110 000 tonnes de noix brutes ont été déchargées, atteignant 96% de l’objectif fixé à 130 000 tonnes. Cette performance, annoncée par le Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA), confirme le rôle de leader mondial du pays. Mais derrière ces chiffres, quels sont les enjeux et les perspectives pour cette filière clé ?
La noix de cajou est un pilier de l’économie ivoirienne. En 2024, le pays a produit 1,2 million de tonnes, soit 40% de l’offre mondiale. La campagne 2025 s’inscrit dans cette dynamique. Initialement, l’objectif national était de 1,15 million de tonnes, selon des données récentes. Les 110 000 tonnes mentionnées pourraient donc refléter une étape spécifique, comme une région ou un segment de la production. Ce volume marque un progrès notable par rapport aux 345 000 tonnes transformées localement en 2024.
Le CCA met l’accent sur un développement durable. Cet objectif est ambitieux. La filière emploie des milliers de personnes. Selon la Banque mondiale, 17 213 emplois ont été créés dans le traitement de la cajou, avec 12 000 supplémentaires prévus d’ici fin 2025. Des zones agro-industrielles, à Bondoukou, Korhogo et Séguéla, soutiennent cette croissance. Elles visent à augmenter la transformation locale, un enjeu clé pour ajouter de la valeur et réduire la dépendance aux exportations brutes.
Mais des défis subsistent. Les plantations souffrent souvent d’un manque d’entretien. Les intrants de qualité sont rares. Les pertes post-récolte freinent les rendements. Malgré cela, des progrès sont visibles. Les rendements ont grimpé, passant de 200-300 kg par hectare à près de 1 tonne depuis 2023. Ces avancées sont prometteuses, mais elles demandent des efforts continus.
L’aspect environnemental est un autre point sensible. L’expansion rapide de la culture de la cajou a un coût. La déforestation et la perte de biodiversité inquiètent. Certains experts, comme Souleymane Fofana de RAIDH, alertent sur le risque de répéter les erreurs de la filière cacao, qui a détruit des forêts entières. La Côte d’Ivoire doit trouver un équilibre entre croissance économique et préservation de ses ressources naturelles.
La logistique joue aussi un rôle crucial. Les infrastructures portuaires, visibles sur l’affiche du CCA, sont essentielles pour exporter les noix. À l’échelle mondiale, des innovations comme l’optimisation des routes par l’IA réduisent les émissions dans la logistique. La Côte d’Ivoire pourrait s’en inspirer pour rendre ses exportations plus durables. Cela renforcerait sa position sur le marché tout en répondant aux exigences environnementales.
La campagne 2025 est donc une réussite, mais elle met en lumière des défis structurels. La filière de la noix de cajou est à un tournant. La Côte d’Ivoire a les moyens de consolider son leadership mondial. À condition d’investir dans des pratiques durables, d’améliorer ses rendements et de protéger son environnement. Les prochains mois seront décisifs pour transformer ces avancées en un modèle de développement pérenne.