
Le géant aurifère Newmont Corporation a versé 174 millions de dollars (environ 2 milliards de Ghana cedis) au gouvernement ghanéen, représentant un paiement partiel de l’impôt sur les plus-values lié à la vente de sa mine d’Akyem, estimée à près d’un milliard de dollars. Une somme significative qui, en pleine recherche de financement pour les infrastructures dans les zones minières, tombe à point nommé.
À ce montant s’ajoute un autre chèque de 50 millions de dollars (592,7 millions de Ghana cedis), représentant la participation de l’État dans la transaction. En tout, ce sont 224 millions de dollars qui prennent aujourd’hui la direction des caisses publiques.
Une bouffée d’oxygène pour l’État
Dans un contexte où le Ghana cherche à relancer ses investissements publics sans creuser davantage sa dette, ce paiement constitue une entrée exceptionnelle pour les finances publiques. Le ministre des Finances, Dr Cassiel Ato Forson, a salué ce geste comme un acte de bonne foi fiscale, tout en exhortant Newmont à poursuivre dans cette voie, notamment dans le cadre de la Taxe sur la croissance et la durabilité.
Des routes en mauvais état, des communautés en attente
Mais au-delà du soulagement fiscal, l’annonce ravive une attente vieille de plusieurs années : celle de la réhabilitation des infrastructures dans les zones minières. Parmi elles, la route Kumasi-Kenyasi, aujourd’hui en ruine, est emblématique. Le ministre a promis le lancement prochain de travaux, pour une durée estimée entre 12 et 18 mois. Une annonce qui devra rapidement se traduire en actions visibles pour les populations riveraines.
Une entreprise puissante, mais controversée
Newmont, premier producteur mondial d’or, est solidement implanté au Ghana à travers ses sites d’Ahafo et Akyem. Mais l’entreprise n’est pas exempte de critiques. Ces dernières années, elle a fait face à de vives tensions sociales dans les régions minières : conflits fonciers, compensation jugée insuffisante pour les agriculteurs déplacés, dégradations environnementales.
En janvier 2025, un incident dramatique a même éclaté à la mine d’Ahafo Sud. Des affrontements avec des forces de sécurité ont coûté la vie à trois personnes, suspectées de tentative de vol d’or. L’affaire a relancé le débat sur les droits humains dans les zones minières et le recours à la force dans la sécurisation des sites.
Entre recettes fiscales et responsabilité sociale
Le versement actuel de Newmont rappelle l’importance fiscale du secteur minier, tout en posant une question fondamentale : comment ces revenus peuvent-ils améliorer concrètement la vie des populations locales ? Les critiques fusent depuis longtemps sur le manque de retombées visibles de l’or pour les communautés d’extraction.
Alors que l’entreprise vient de revendre sa mine d’Akyem, des voix s’élèvent pour exiger que cette manne financière serve à réparer les injustices du passé : réhabiliter les routes, renforcer les écoles, soigner les impacts environnementaux.
En somme, si le chèque de 174 millions de dollars est un geste fort, il ne saurait faire oublier que l’or du Ghana ne doit pas seulement enrichir les caisses de l’État, mais aussi revaloriser les territoires qui le produisent.