Le Tchad a conclu, le 22 mai 2025, un accord préliminaire avec les services du Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un nouveau programme d’appui financier de 630 millions de dollars sur quatre ans. Ce soutien, accordé dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC), vise à accompagner la mise en œuvre du Plan national de développement « Tchad Connexion 2030 », dans un contexte économique et géopolitique particulièrement contraint.
Alors que le pays sort d’une transition politique achevée en février 2025, les défis demeurent nombreux : instabilité sécuritaire persistante, recul de l’aide publique au développement, et baisse continue des recettes pétrolières, principale ressource budgétaire de l’État. Dans ce contexte, l’accord avec le FMI apparaît comme une tentative de réancrage économique et budgétaire.
Un cap budgétaire plus rigoureux
Selon les éléments communiqués à l’issue de la mission conduite par Julien Reynaud, le programme vise à recentrer les priorités budgétaires autour de trois leviers : une mobilisation accrue des recettes hors pétrole, la rationalisation des dépenses publiques non prioritaires, et une amélioration de la gouvernance économique. L’objectif est de ramener progressivement le déficit budgétaire moyen à 1,5% du PIB sur la période couverte par le programme.
Ce redressement s’appuie sur un engagement renouvelé des autorités tchadiennes à renforcer la discipline budgétaire, dans un pays où la dépendance aux revenus pétroliers rend les finances publiques particulièrement sensibles aux chocs extérieurs.
Des ambitions sociales affirmées
Au-delà des équilibres macroéconomiques, le programme soutenu par le FMI intègre une dimension sociale marquée. Il prévoit une série d’investissements dans les infrastructures et les services essentiels, notamment dans l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, la nutrition scolaire, ainsi que les filets sociaux en faveur des populations les plus vulnérables.
L’extension du Registre Social Unifié est également prévue pour mieux cibler les bénéficiaires des programmes sociaux. Ces mesures doivent répondre à une demande croissante de services publics dans un pays où les inégalités d’accès restent marquées, en particulier en zones rurales.
Gouvernance et transparence en ligne de mire
Le programme s’accompagne également d’engagements en matière de transparence budgétaire et de réformes structurelles. Des audits sont envisagés, notamment dans le secteur pétrolier, afin d’assurer une meilleure traçabilité des recettes publiques. Des efforts sont également attendus dans la gestion des finances publiques, la lutte contre la corruption, ainsi que la restructuration du secteur bancaire, encore largement dominé par les acteurs publics.
Ces réformes doivent contribuer à restaurer la confiance des partenaires techniques et financiers, tout en posant les bases d’un environnement économique plus attractif pour les investisseurs.
Une trajectoire encore incertaine
Malgré cette dynamique, le contexte reste fragile. La croissance, estimée à 3,5% en 2024, pourrait légèrement ralentir à 3,3% en 2025. Les risques demeurent nombreux : chocs climatiques, tensions régionales, volatilité des cours du pétrole. À cela s’ajoute la nécessité de mobiliser d’autres sources de financement extérieur, condition préalable à l’approbation définitive du programme par le conseil d’administration du FMI.
Le succès de cette nouvelle phase de coopération dépendra donc autant de la capacité du Tchad à tenir ses engagements que de l’implication soutenue de ses partenaires. Pour N’Djamena, il ne s’agit pas seulement d’obtenir des ressources, mais de créer les conditions d’un redressement économique durable et inclusif, après plusieurs années de turbulences.