Réunis à Victoria Falls, au Zimbabwe, les experts de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont fait part de leur inquiétude face à l’immobilisme qui freine l’intégration statistique régionale. Bien que des avancées techniques aient été enregistrées, le processus reste bloqué, principalement en raison du retard pris par plusieurs États membres dans la ratification du Protocole sur les statistiques.
Ce manque d’engagement politique risque de compromettre la mise en œuvre cohérente des politiques régionales. Conscients de l’urgence, les membres du Comité des statistiques invitent instamment les gouvernements à profiter du prochain sommet des chefs d’État, prévu en août 2025 à Antananarivo, pour passer à l’action. Faute de quoi, les États peuvent encore ratifier le Protocole directement depuis leur capitale, avec le soutien logistique du Secrétariat de la SADC.
Ce retard n’est pas sans conséquence. Le Comité rappelle que l’absence de validation des textes fondateurs empêche l’harmonisation des pratiques et des outils statistiques, ce qui limite l’accès aux financements internationaux, complique la comparabilité des données entre pays et réduit considérablement l’impact des politiques publiques. Déjà en août 2024, un rapport du Conseil de la SADC mettait en garde contre les « conséquences considérables » de cette inertie.
Pourtant, malgré ces blocages politiques persistants, les experts ont salué certains progrès techniques réalisés dans divers domaines. Dans les comptes nationaux, par exemple, la région s’emploie activement à adopter le nouveau Système de comptabilité nationale (SCN 2025). Des formations sont également en cours sur l’indice de pauvreté multidimensionnelle, à la fois au niveau national et régional, tandis que les efforts se poursuivent pour harmoniser l’indice des prix à la consommation.
D’autres secteurs ne sont pas en reste. Des méthodologies plus précises ont été finalisées pour évaluer les échanges informels et les services, et le portail régional d’information sur l’agriculture (AIMS) a été amélioré. Les questions migratoires sont désormais mieux intégrées aux recensements nationaux grâce à l’ajout de modules spécifiques. Le Comité recommande par ailleurs la production régulière de données sur le marché du travail, selon les normes internationales, et souligne l’adoption d’une boîte à outils destinée à mesurer l’inclusion financière selon le genre.
L’enjeu central reste l’alignement des méthodologies statistiques dans l’ensemble des 16 pays membres. Il s’agit de garantir une lecture cohérente et fiable des données, indispensable pour une gouvernance régionale efficace.
Dans cette optique, le Comité a confié au Secrétariat le soin d’accélérer le développement de plusieurs plateformes numériques. Parmi les projets en cours figurent un portail de données ouvertes et un système intégré de base de données commerciales. Ces outils numériques sont conçus pour poser les bases d’une infrastructure statistique régionale accessible et pérenne.
En facilitant l’accès aux données officielles, que ce soit pour les chercheurs, les gouvernements, les investisseurs ou les citoyens, ces plateformes devraient renforcer la transparence, améliorer la redevabilité des institutions et éclairer les décisions publiques.
Au final, le message est clair : il est temps d’agir. La SADC appelle ses États membres à ratifier sans plus attendre le Protocole sur les statistiques. Au-delà des chiffres et des tableaux, c’est l’efficacité des politiques régionales et la crédibilité même du projet d’intégration en Afrique australe qui sont en jeu.