Une catastrophe frappe l’une des plus grandes mines de cuivre du monde. En République démocratique du Congo (RDC), le complexe minier de Kamoa-Kakula, pilier de l’économie nationale, est paralysé par une inondation causée par une activité sismique. Cet incident menace non seulement la production de cuivre, essentiel à la transition énergétique mondiale, mais aussi la stabilité économique de la RDC.
Une mine stratégique sous l’eau
Le 18 mai 2025, Ivanhoe Mines, opérateur canadien de Kamoa-Kakula, a suspendu ses opérations souterraines à Kakula, qui représente 70% de la production du complexe. Une activité sismique a endommagé les infrastructures électriques et de pompage, laissant l’eau envahir la mine. « Les câbles et les canalisations nécessaires au pompage de l’eau de la mine étaient endommagés », a déclaré Ivanhoe dans un communiqué. Actuellement, 1 000 litres d’eau par seconde sont pompés dans la partie ouest de la mine, mais l’objectif est d’atteindre 3 000 litres pour stabiliser la situation.
Les dégâts sont encore flous. Zijin Mining, partenaire chinois détenant 39,6% du projet, évoque un effondrement de toit, une affirmation qu’Ivanhoe conteste : « Il n’y a aucune preuve d’effondrement des chantiers ou des piliers structurels. » Cette divergence alimente l’incertitude. Une chose est sûre : la production est compromise, et Ivanhoe a retiré ses prévisions pour 2025, initialement fixées entre 520 000 et 580 000 tonnes de cuivre.
Un choc pour l’économie congolaise
La RDC est le deuxième producteur mondial de cuivre, et Kamoa-Kakula est l’un de ses joyaux. Découvert par le milliardaire Robert Friedland, ce gisement est parmi les plus riches au monde. En 2024, le secteur minier représentait environ 70% des exportations congolaises et une part importante des revenus de l’État, qui détient 20% du projet. Une interruption prolongée pourrait coûter cher.
Selon les analystes de Citigroup, la mine souterraine de Kakula pourrait rester fermée jusqu’au quatrième trimestre 2025. La production perdue est estimée entre 84 000 et 275 000 tonnes, soit une part significative de l’excédent mondial prévu de 289 000 tonnes. Pour la RDC, cela signifie une chute des recettes d’exportation, une pression sur le budget national et des risques pour les emplois. Des milliers de travailleurs, directs et indirects, dépendent de cette mine.
Un contexte mondial tendu
Le cuivre est au cœur de la transition énergétique. Utilisé dans les voitures électriques, les réseaux électriques et les infrastructures vertes, sa demande explose, portée par la Chine, premier consommateur mondial. Mais l’offre est fragile. Ces 18 derniers mois, des perturbations ont frappé le secteur : fermeture d’une mine au Panama, réductions de production par Anglo American. Kamoa-Kakula, en passe de devenir le troisième fournisseur mondial, était un espoir pour combler ce déficit. L’inondation change la donne.
« Il existe une grande incertitude quant au calendrier d’un redémarrage et au niveau de remédiation ou de reconception de la mine qui pourrait être nécessaire », note Goldman Sachs. Cette incertitude pèse sur les marchés. Malgré les tensions commerciales mondiales, le prix du cuivre reste soutenu par la forte demande.
La RDC face à un défi
Pour l’instant, Kamoa-Kakula traite des stocks de surface, évitant une rupture immédiate des approvisionnements. Mais la partie est de la mine, où des dommages structurels sont signalés, reste un mystère. Ivanhoe collabore avec ses partenaires chinois, Zijin et CITIC Metal, pour acquérir des pompes puissantes. Une personne ayant visité le site rapporte qu’une « quantité importante d’eau » s’est infiltrée, interdisant l’accès aux ouvriers.
Pour la RDC, les enjeux vont au-delà de la production. Le pays, déjà fragilisé par des défis infrastructurels et politiques, dépend fortement du cuivre. Une fermeture prolongée pourrait freiner les investissements étrangers, vitaux pour le secteur minier. Les communautés locales, qui bénéficient des retombées économiques, risquent aussi de souffrir.
Une course contre la montre
Ivanhoe promet une mise à jour la semaine prochaine. En attendant, la RDC retient son souffle. Kamoa-Kakula, symbole de son essor minier, est à un tournant. La résolution de cette crise déterminera non seulement l’avenir de la mine, mais aussi la capacité du pays à maintenir sa place sur l’échiquier mondial du cuivre.
En somme, l’inondation de Kamoa-Kakula n’est pas qu’un accident minier. C’est un test pour l’économie congolaise, dans un monde où chaque tonne de cuivre compte.