Le Togo a franchi une nouvelle étape avec le FMI dans le cadre de son programme de Facilité Élargie de Crédit (FEC). À la clé : une aide supplémentaire de près de 58,4 millions de dollars. Mais ce soutien reste tributaire de réformes structurelles ambitieuses et d’une consolidation budgétaire jugée « socialement responsable ».
C’est un message à double lecture qui est sorti ce 29 mai 2025 des couloirs du Fonds monétaire international. D’un côté, la reconnaissance des efforts du gouvernement togolais dans la gestion de l’économie nationale depuis les dernières crises mondiales ; de l’autre, des signaux clairs de vigilance budgétaire et de réformes en profondeur exigées pour la suite du partenariat.
Un programme « globalement en bonne voie »
Depuis mars 2024, le Togo bénéficie d’un programme de Facilité Élargie de Crédit avec le FMI, pour un montant total de 390 millions de dollars. Il s’agit d’un appui financier assorti de réformes visant à remettre l’économie nationale sur une trajectoire soutenable, après les chocs liés à la pandémie et à l’inflation mondiale.
Un an après, la deuxième revue technique du programme vient d’être bouclée. Résultat : le pays obtient un accord de principe pour un nouveau décaissement d’environ 58,4 millions de dollars. Ce montant ne sera toutefois libéré qu’après validation formelle par le Conseil d’administration du FMI.
Des progrès salués, mais une dette qui inquiète
« Les autorités togolaises ont fait preuve de progrès soutenus dans la mise en œuvre des réformes », a souligné Hans Weisfeld, chef de mission du FMI, à l’issue des discussions. Le rapport de mission note que tous les objectifs structurels et quantitatifs ont été atteints à fin 2024, à l’exception du solde budgétaire, déficitaire au-delà des prévisions.
Cette dérive s’explique, entre autres, par le soutien financier apporté aux populations touchées par les inondations et par l’achat massif d’engrais subventionnés pour soutenir les agriculteurs. Deux mesures jugées louables mais coûteuses, qui ont entraîné une accumulation plus rapide que prévu de la dette publique.
Les autorités ont, en réponse, publié une explication budgétaire détaillée, un geste de transparence apprécié par le FMI.
Croissance solide, inflation maîtrisée
Malgré ce contexte budgétaire tendu, l’économie togolaise affiche une croissance robuste. Le PIB a progressé de 5,3% en 2024 et devrait se stabiliser autour de 5,2% en 2025. L’inflation, quant à elle, est descendue à 2,6% en avril 2025, bien en deçà des seuils critiques. Autant de signaux macroéconomiques qui confirment une certaine résilience de l’économie togolaise.
Réformes en profondeur et transparence attendues
Mais pour aller plus loin, le FMI attend du Togo qu’il consolide ses finances publiques, renforce la gouvernance et poursuive les réformes du secteur financier. Le rapport note des avancées positives, comme :
- Un meilleur encadrement des risques budgétaires dans les projets de loi de finances.
- La recapitalisation d’une banque publique encore déficitaire, pour la mettre en conformité avec les règles de l’UEMOA.
- Le renforcement du cadre juridique des marchés publics, en particulier la publication des noms des bénéficiaires réels des marchés de l’État.
Par ailleurs, les autorités ont demandé une évaluation diagnostique complète de la gouvernance par le FMI, avec un engagement à rendre publics les résultats.
Une croissance à rendre plus inclusive
Le FMI insiste sur un point : la viabilité de la dette ne doit pas se faire au détriment de l’inclusion sociale. Il s’agit de réduire les inégalités tout en menant une politique budgétaire rigoureuse. Comme le précise la déclaration officielle : « Il sera très important de réaliser de bons progrès dans le cadre de la consolidation budgétaire prévue, propice à la croissance et socialement responsable ».
L’équation est délicate. Mais elle est incontournable si le Togo veut continuer à bénéficier de l’appui international dans la durée, tout en répondant aux attentes de sa population.