Objectif : mieux évaluer l’impact réel de l’action publique et encourager les réformes. Un prix panafricain sera décerné en 2027.
Mesurer l’État autrement. C’est le pari que fait la Banque africaine de développement (BAD) avec le lancement, le 12 juin à Abidjan, de l’Indice de prestation de services publics (PSDI). Cet outil évalue la capacité des gouvernements africains à fournir des services essentiels à leurs populations, de manière efficace et équitable.
Électricité, santé, éducation, sécurité, eau potable, lutte contre le changement climatique… Le PSDI couvre une quinzaine de domaines clés et s’appuie sur des données issues des instituts nationaux de statistiques, croisées avec des enquêtes de perception menées à travers le continent.
Un levier pour la réforme
« L’indice évalue la manière dont les gouvernements africains fournissent des résultats et des impacts clés en matière de services publics », précise la Banque. Il sera actualisé tous les deux ans et servira à suivre les progrès en lien avec les ODD des Nations unies, les priorités stratégiques de la BAD et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Pour aller plus loin, la Banque a annoncé la création d’un Prix de la prestation de services publics pour l’Afrique, qui récompensera à partir de 2027 les gouvernements les plus performants et innovants dans ce domaine.
Maurice, en tête du peloton
Parmi les pays les mieux classés dans cette première édition, on retrouve l’île Maurice, l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Ghana et le Maroc. Un top 6 qui couvre différentes régions du continent.
Maurice se démarque par sa politique de renforcement des compétences dans le secteur public. Le pays a récemment lancé un Institut de la fonction publique et de l’innovation pour mieux former ses 100 000 agents.
Juger l’État à l’aune de l’impact
Pour le président de la BAD, Dr Akinwumi Adesina, il est temps de récompenser la performance publique, au même titre que l’on valorise les entreprises sur les marchés. « Nos fonctions publiques ne doivent pas se contenter de cocher des cases. Elles doivent être responsables de la constitution d’un capital social », a-t-il déclaré.
Une initiative saluée
Lors d’une table ronde organisée à l’occasion du lancement, plusieurs personnalités ont salué l’utilité du PSDI comme outil de pilotage des politiques publiques. Des intervenants comme Epiphane Zoro Bi Ballo (Côte d’Ivoire), Lutchmanah Pentiah (Maurice) ou encore Chioma Njoku (Nigeria) ont insisté sur le besoin de mieux former les agents publics et de renforcer la coopération entre l’État et le secteur privé.
Et maintenant ?
Avec ce nouvel indice, la BAD invite les États africains à s’évaluer autrement, non plus seulement en termes de PIB ou de croissance, mais selon leur capacité à améliorer concrètement la vie des citoyens.
Reste à savoir si le PSDI parviendra à déclencher de vraies réformes structurelles. Réponse attendue en 2027, lors de la seconde édition.