Six nations africaines, dont la République Démocratique du Congo (RDC), ont signé l’Accord de Luanda, un engagement pour financer le Natural Diamond Council (NDC) afin de promouvoir les diamants naturels. Face à la concurrence des diamants synthétiques et aux défis éthiques, cet accord vise à renforcer un secteur crucial pour des millions de personnes. Mais des obstacles, notamment en RDC, pourraient limiter son impact.
Un financement collectif pour le NDC
L’accord unit le Botswana, l’Angola, la Sierra Leone, la Namibie, l’Afrique du Sud et la RDC, aux côtés de partenaires comme l’Antwerp World Diamond Centre, le Dubai Multi Commodities Centre, l’African Diamond Producers Association et le Gem & Jewellery Export Promotion Council de l’Inde. Ces signataires consacreront 1% de leurs revenus annuels issus des diamants bruts au NDC. “Ces fonds cibleront les générations Z et millénials via des campagnes numériques”, a déclaré David Kellie, PDG du NDC, à Reuters le 18 juin 2025. Les modalités de collecte seront définies localement, un processus encore en cours.
Une industrie sous pression
Les diamants naturels font face à une crise concurrentielle. Les diamants synthétiques, produits à bas coût en Chine et en Inde, coûtent aujourd’hui 5% de leur prix de gros de 2018 pour un diamant de 1 carat VS1, selon le rapport Diamond Facts du NDC. Le NDC, représentant 75% de la production mondiale via des membres comme De Beers et Rio Tinto, mise sur l’authenticité et l’éthique. “Les diamants naturels sont un produit rare et responsable”, a affirmé Kristina Buckley Kayel, directrice générale du NDC pour l’Amérique du Nord, dans un communiqué de 2025.
La RDC : Un acteur majeur, des défis persistants
La RDC, cinquième producteur mondial avec 12% de la production globale, est au cœur de l’accord. En 2017, 81% de ses diamants provenaient de l’exploitation artisanale, souvent entachée de contrebande et de préoccupations liées aux “diamants de sang”, selon un rapport de l’OCDE. Membre du Processus de Kimberley depuis 2003, la RDC certifie ses diamants comme libres de conflit, mais la corruption et la gestion opaque limitent les progrès. L’accord de Luanda financera des campagnes éducatives via la plateforme Only Natural Diamonds pour renforcer la confiance des consommateurs.
Un impact économique et social
Les diamants naturels soutiennent environ 10 millions de moyens de subsistance dans le monde. Au Botswana, ils ont généré 3,5 milliards de dollars en 2023, finançant écoles et hôpitaux, selon De Beers. En RDC, les revenus diamantifères, estimés à 1 milliard de dollars en 2024, pourraient financer des projets similaires, mais la corruption freine leur impact. L’accord vise à promouvoir des pratiques durables, comme l’utilisation d’énergies renouvelables par Rio Tinto au Canada.
Une collaboration transcontinental
L’accord s’appuie sur des partenaires mondiaux pour amplifier les efforts du NDC. La plateforme Only Natural Diamonds informe sur les tendances, comme l’essor des diamants ovales en 2024, et combat les idées fausses sur les diamants synthétiques. En 2023, le NDC a dénoncé des publicités trompeuses auprès de l’Advertising Standards Authority britannique, renforçant sa crédibilité.
Des obstacles à surmonter
L’accord fait face à des défis. Les mécanismes de collecte des fonds varient selon les pays, et la RDC manque de structures administratives robustes. L’exploitation artisanale pollue les rivières, un problème non abordé par l’accord. De plus, les producteurs de diamants synthétiques revendiquent une durabilité comparable, un argument que le NDC devra contrer avec des données vérifiables.
Perspectives et limites
L’accord pourrait générer des dizaines de millions de dollars pour le NDC, stimulant la demande pour les diamants naturels. “Ils sont des moteurs de développement économique”, a déclaré Raluca Anghel, responsable des affaires externes du NDC, dans un communiqué de juin 2025. Cependant, son succès dépendra de la capacité des pays, notamment la RDC, à surmonter la corruption et à garantir la transparence. Pour l’instant, l’accord marque une étape ambitieuse, mais son impact reste incertain.